Passage du Var à Saint-Laurent est un récit qui raconte comment on traversait ce fleuve particulièrement versatile.
” Le Var est un fleuve très rapide.
Il entraîne le gravier de dessous les pieds et en été, quand il y a des orages, il grossit quelquefois prodigieusement dans l’espace de deux heures, à cause des torrents qui tombent des montagnes.
La facilité avec laquelle il change de lit d’un jour l’autre, et souvent plusieurs fois dans le même jour fait que les Etrangers ne doivent point s’exposer le passer, sans avoir des gueyeurs qu’on prend à Saint-Laurent, quand on sort de Provence ; ou sur le bord opposé, quand on vient de Nice.
Si l’on ne passe ni en voiture, ni à cheval, on s’assied sur l’épaule de deux hommes, qui se tiennent serrés l’un contre l’autre, en prenant réciproquement avec la main le haut de leur veste au-dessous du cou de manière que l’un passe son bras droit sur le bras gauche de l’autre.
On traverse le fleuve dans cette attitude, mais il faut avoir soin de ne pas regarder l’eau : elle est si rapide que la tête tournerait, et l’on risquerait de tomber.”
Passage du Var à Saint-Laurent est un texte sourcé dans le livre “Voyage littéraire de Provence” de l’abbé Jean-Pierre Papon, publié en 1780.