Colères du Paillon à Nice retrace les moments où les flots tumultueux de ce fleuve côtier ont laissé la désolation après leur passage.
» Ah Messieurs les bâtisseurs, si vous vous étiez trouvés, à l’endroit où vous travaillez à recouvrir le Paillon, le 9 octobre 1530, lors de l’inondation qui emporta le Pont-Vieux, je crois que vous n’auriez trouvé votre salut que dans la fuite et que votre travail pénible de déblaiement et de nivellement, il vous eût fallu le recommencer.
Je ne vous souhaite pas non plus une colère de notre Paillon semblable à celle du 10 novembre 1544, appelée le déluge de la Saint-Martin, qui ravagea à tel point le faubourg de Lympia qu’il fallut y ordonner une division des terres.
Et nous n’avons qu’à feuilleter notre histoire locale pour citer encore quelques dates célèbres : le 15 août 1601, le 3 novembre 1627, le 3 avril 1631, le 20 octobre 1689, où le Paillon fit parler de lui en ravageant de telle façon les quartiers de Saint-Roch et de Riquier, qu’on envisagea sérieusement de détourner le lit du torrent pour le faire aboutir au port de Lympia !
Le Paillon eut aussi ses colères patriotiques en noyant, par exemple, en 1744, 300 soldats des armées franco-espagnoles qui donnaient l’assaut au camp retranché du Mont-Boron.
Et, après ça, Messieurs les bâtisseurs, si vous persistez dans votre dessein de cacher aux yeux de tous un aussi brave » fleuve « , c’est que, vraiment, vous ne comprenez pas le respect de la gloire ! »
Colères du Paillon à Nice raconte les moments de violence de ce torrent à un moment où une nouvelle couverture en face du lycée Masséna suscitait des polémiques. Le texte est extrait du journal » L’Eclaireur de Nice » du 4 septembre 1921.