Les gardeurs de vigne de Drap est un récit qui explique comment les viticulteurs protégeaient leur raisin des maraudeurs.
” A sept kilomètres de Nice, le village de Drap groupe ses maisons sur les pentes d’un mamelon autour de la vieille église, dont le clocher carré s’élève, comme une tour de veille.
Le pays est fertile et agréable. Au flanc des coteaux, l’olivier mûrit son fruit, gonflé de l’huile d’or.
Et puis, il y a des vignes, beaucoup de vignes enfin assez de vignes pour que personne ne manque de vin dans le village.
Les propriétaires de Drap sont jaloux de leur vin qu’ils égalent aux crus fameux de Falicon, voire de Bellet, et ils soignent et gardent leurs vignes avec un soin minutieux.
Ils ont conservé la pratique des gardeurs de vignes.
Surveillance nocturne des vignes
Ce sont de solides gaillards qui, le soir venu, quand les grappes mûrissantes peuvent tenter les malandrins, se couvrent d’une limousine, s’arment d’un bâton ferré, même d’une escopette et, nantis d’une trompe, grimpent sur les coteaux dont il faut sauvegarder les vignes.
Parvenus au faîte, ils allument un grand feu. C’est pour dire aux chapardeurs que l’on veille.
Puis, tant que la nuit dure, ils vont et viennent dans le secteur qu’ils ont mission de protéger du vol, sonnant du cor ainsi que Roland à Roncevaux.
Ainsi, l’on est averti. Inutile d’essayer la maraude. Les gardeurs de vignes sont là. Et les malintentionnés de se tenir pour dit.
Des maraudeurs aux aguets
C’est du moins ce que prétend la corporation des gardeurs de vignes, qui de père en fils, sonnent de la trompe dans les vignobles drapois.
Mais il est des sceptiques pour sourire avec quelque ironie et avancer que, bien loin d’être gênés, les maraudeurs sont favorisés par cette coutume.
Quand le cor sonne dans la plaine, ils dévalisent le coteau, et quand la trompe mugit sur la colline, c’est dans la vallée qu’ils opèrent, sûrs de n’être pas dérangés.”
Les gardeurs de vigne de Drap est un texte issu du journal “Le Figaro” du 12 janvier 1923.