La pensée de Nice est une charge journalistique contre le journal Il Pensiero di Nizza suspect de souhaiter le rattachement du comté de Nice à l’Italie.
On fait une réclame formidable à un obscur petit canard niçois, intitulé II Pensiero di Nizza ou la Pensée de Nice en français, pour un article d’insultes à la France, que ledit obscur petit canard a publié.
Un journal en italien à Nice
Il Pensiero est rédigé en italien, il paraît à Nice. C’est l’organe des cinq cents bourgeois de Nice qui, nés italiens, avant l’annexion, n’ont pas oublié leur première patrie, et sont demeurés séparatistes.
Le journal de ces Français antifrançais a l’aspect, la composition, la mise en pages d’un journal italien.
Il met en première place le récit et la discussion des choses du royaume cisalpin. Les affaires de la France sont reléguées par les rédacteurs du Pensiero sous la rubrique Etranger. On les y cherche entre les dépêches de Russie et les nouvelles de la république de Haïti.
Le fondateur du Pensiero, qui fut longtemps son inspirateur, est M. Borriglione, député, maire de Nice, chevalier de la Légion d’honneur.
M. Borriglione, BourrilIon comme prononcent les gens du peuple à Nice, a longtemps été le chef du parti séparatiste dans les Alpes-Maritimes.
Il donna en 1870 une preuve éclatante de ses sentiments italiens et de sa haine contre la France.
A son instigation, une trentaine de notables de Nice écrivirent à Garibaldi, lui demandant d’envahir les territoires réunis par l’Empire à la France.
Appel à Garibaldi
Garibaldi répondit qu’il était à la fois patriote et républicain qu’en lui le patriote souhaitait le retour de Nice à la patrie italienne, mais que le républicain ne voulait pas démembrer une République pour asservir une province de plus à la monarchie, même italienne.
Malgré cet échec, les séparatistes continuèrent, Borriglione en tête, à crier « Vive l’Italie » dans le Pensiero. Mais on se lasse de tout.
M. Borriglione, devenu un personnage en France, abandonna le journal séparatiste, qui passa en d’autres mains.
Les abonnés du Pensiero sont très peu nombreux.
Le journal antifrançais ne vit que des subventions de quelques fidèles à l’Italie, et des annonces des banquiers et des commerçants italiens.
Pour conserver ces subsides, il est obligé de crier très haut ses préférences italiennes.
Aussi, tous les numéros du Pensiero sont-ils faits seulement d’insultes à la France.
Depuis longtemps, les journaux de Nice ont renoncé à entrer en polémique avec le Pensiero. »
La Pensée de Nice est un texte extrait du journal « Le Gaulois » du 30 juillet 1882.
Le journal Il Pensiero di Nizza paraîtra de 1871 à 1895.
« Par décision spéciale en date du 16 novembre 1895, délibérée en conseil des ministres, par application de la loi du 29 juillet 1881, article 14, et de la loi du 22 juillet 1895, le président du conseil, ministre de l’intérieur, a interdit la circulation en France du journal Il Pensiero di Nizza, publié à Nice en langue italienne. »
Extrait du « Journal Officiel de la République Française » du 17 novembre 1895.