Les enfants abandonnés de Lantosque est un récit qui rappelle que les orphelins étaient une source de revenus pour les villageois.
» Après avoir longé le Saut des Français, près de Duranus, en continuant le chemin, à peu près impraticable en 1852, on aboutit à Lantosque, misérable commune de deux mille quarante-trois habitants, divisée en quatre hameaux.
La plupart des habitations de Lantosque ne sont que des cahutes en terre, sans fenêtres, recouvertes de branchages et de bruyères.
Et chacun de ces trous abrite un homme, une femme, des enfants, avec leur mulet, leurs cochons, tous pêle-mêle.
La fumée de l’âtre, où cuisent de maigres aliments, n’a d’autre issue que l’entrée commune.
A cette époque, comme de nos jours d’ailleurs, la commune de Lantosque était le grand foyer collecteur des enfants abandonnés par leurs père, mères et assistés par la province.
Population malheureuse, sans communication avec la ville, cernée par les neiges, vivant mal et ne se livrant à aucune industrie.
Leurs chèvres et les enfants, voilà le plus clair de leurs revenus.
Sous le gouvernement italien, l’État allouait aux pères nourriciers une somme qui variait, suivant l’âge des petits bastardons (locution locale), de neuf francs par mois à quatre francs.
Passé l’âge de douze ans, la ville de Nice supprimant les subsides, tout contrôle disparaissait, et les petits bastardons étaient laissés à la garde de Dieu !
Depuis l’annexion, cet état de choses s’est sensiblement amélioré.
Sous l’intelligente direction de M. Marie de Saint-Germain, inspecteur des enfants assistés, un service a été organisé, et désormais les pauvres déshérités sont sous la protection de l’État jusqu’à leur majorité. »
Les enfants abandonnés de Lantosque est une histoire découverte dans le livre « Confessions d’un commis-voyageur », par Léon de Marancour, publié en 1865.