Massacre à Eze emprunte la plume de l’auteur dramatique Victorien Sardou pour raconter l’attaque du village.
» Occupé longtemps par les Sarrasins, établis sur toute la côte, de Villefranche à la mer d’Eze, ce piton, vrai nid de pirates, défiait toute surprise.
Il fut pris pourtant, au Xème siècle, quand la Provence fut purgée de ces Barbaresques.
Cinq cents ans plus tard, Barberousse, assiégeait Nice.
Il avait là une vieille injure à venger.
Barberousse détacha sur Eze une troupe de forcenés qui, malgré les sentiers coupés, les arbres abattus, les quartiers de roc roulant sur leurs têtes, grimpèrent jusqu’au rempart, forcèrent les portes et massacrèrent tous les habitants.
Cependant, il semble que ce désastre soit d’hier, tant ce pauvre village a l’air dévasté.
Le temps a été pour lui aussi cruel que les Sarrasins. Tout est ruiné.
L’agave plante sa hampe dans les créneaux crevassés. Le figuier tord ses noeuds dans les parapets disjoints qu’il fait éclater.
La végétation hâte partout la fin du peu qui subsiste.
Vous ne franchirez pas la porte des Mores sans vous représenter le terrible carnage qui eut lieu à cette place.
Il y a là une citerne qui dut boire le sang jusqu’à déborder.
De gradin en gradin, vous atteindrez péniblement la plate-forme.
Là, sur le roc tout plat, était le logis seigneurial. Il n’en reste plus qu’un fragment de voûte en cul-de-four.
Mais quelle vue! «
Massacre à Eze est un récit de Victorien Sardou, paru dans un supplément du journal « Le Figaro » de 1884.