Séjour à Nice est un récit, en plusieurs épisodes, qui décrit les agréments de cette ville de la Méditerranée.
» De cette terrasse où l’on vient respirer le soir el chercher les douces émotions que j’essayais de vous peindre, on a pu assistera des drames terribles.
C’était vers l’année 1854.
Un navire sorti du port de Gênes se trouva en vue du port de Nice dans une situation désespérée.
La mer était affreuse. Le navire, secoué comme une coque de noix par les vagues, et dont le grand mât était brisé, ne gouvernait plus.
Les Niçois contemplaient, du rivage, avec une morne stupeur, cette scène navrante, sans pouvoir porter aucun secours aux malheureux qui semblaient condamnés à périr, car la tempête, qui poussait leur navire à la côte, empêchait qu’on pût aller jusqu’à eux.
Tout à coup on vit le clergé de Nice, sorti des églises, se rendre processionnellement sur ce rocher des Ponchettes qui domine tout le paysage, et sous lequel la mer s’engouffrait avec fureur.
Ne pouvant aider les malheureux passagers à entrer dans le port de Nice, les prêtres leur apportaient les paroles de pardon et de bénédiction qui ouvrent aux naufragés des mers les ports de la vie éternelle.
Ce fut une scène d’une majesté et d’une émotion inexprimables.
On voyait les marins et les passagers agenouillés sur le navire autour duquel grondait la mer réclamant sa proie, et l’évêque de Nice, debout sur le rocher des Ponchettes, faisait descendre sur ces fronts courbés les paroles qui absolvent el qui réconcilient.
Mais le dénouement fût inattendu : la mer n’eut que le navire.
Au moment où il sombrait, une barque grecque qui, vigoureusement manœuvrée, revenait de la haute mer, recueillit l’équipage et réussit à entrer dans le port.
Le lendemain, on voyait les naufragés prosternés dans la cathédrale et rendant leurs actions de grâces. »
Séjour à Nice est un texte trouvé dans la revue « La Semaine des familles » du 9 mai 1860.