Batailles pendant le Carnaval de Nice est le dixième épisode d’articles consacrés à l’histoire du Carnaval de Nice.
« L’autorité de Nice avait réussi à interdire les œufs pleins de plâtre et de suie pendant le Carnaval ; mais les haricots, les dragées de plâtre, les grains de genièvre, entre lesquels les vrais bonbons sont en petit nombre — apparent ravi — n’ont pas permis de supprimer les masques.
A part le côté grotesque des projectiles offensifs, auxquels des sentiments d’économie ont donné trop de place, il n’y aurait rien de plus gracieux que ces bonbons et ces bouquets échangés entre les piétons, les habitants des fenêtres et les voitures.
Il y a, à cette époque, une grande quantité de fleurs à Nice ; les violettes de Parme s’y vendent au kilogramme.
Il y a les roses Thé et surtout les roses de Bengales, dont sont faites beaucoup de haies dans les champs. Il y a les fleurs de cassis el les anémones écarlates qui émaillent les prés.
Les voitures ont dans cette guerre de projectiles un grand avantage contre les piétons ; c’est la quantité de munitions et la facilité de tirer du haut en bas ; mais les fenêtres et les terrasses ont à leur tour le même avantage contre les voitures, en y joignant le tir fixe des batteries de terre, qui pointe plus juste que les batteries des vaisseaux.
Les gamins, qui sont une nation particulière répandue entre les nations, s’insinuent dans les voitures, par dessous les roues, par-dessus les chevaux, et mettent les munitions au pillage.
Ces munitions se composent de deux sacs ou corbeilles. D’un côté sont les bonbons communs avec un mélange de haricots, de grains de genièvre, etc., pour le combat avec les inconnus.
De l’autre, les bonbons fins, les marrons glacés, etc., et les bouquets, pour les personnes amies et celles envers qui l’on veut se montrer galant et empressé.
Malheureusement les haricots empiètent chaque année et cela diminue singulièrement l’élégance de la fête. Le haricot est une sorte de caillou végétal dont il n’est nullement agréable de recevoir une poignée à travers le visage.
Ce Carnaval est bien près d’être très élégant et très charmant. Il faudrait plus de costumes et moins de haricots.
Les bonbons et les fleurs coûtent beaucoup moins cher en France. On pourrait se contenter de cette économie. »
Batailles pendant le Carnaval de Nice se poursuit avec l’épisode intitulé « Carnaval princier et mondain à Nice ».