Une dynastie de parfumeurs à Grasse raconte l’ascension de la famille Chiris qui a créé un empire de la parfumerie.
» Si l’on remonte aux origines de l’Industrie de la Parfumerie à Grasse, le nom de Chiris est le premier que l’on trouve parmi les fondateurs.
Un vieux catalogue nous apprend qu’en 1768, Antoine Chiris, marchand parfumeur sur la Place Neuve, vend en gros des parfumeries diverses.
Le catalogue n’est ni long, ni compliqué.
Il comprend six qualités de savonnettes, aux noms délicieusement surannés de savonnettes aux fines herbes, à la bergamote, etc., dix-huit variétés d’essences, des pommades aux fleurs, des huiles parfumées, des huiles d’Olives.
Développement des affaires des Chiris
Les affaires d’Antoine Chiris s’étendent peu à peu.
En 1816, au moment où son fils, Anselme Chiris, prend Ia direction des affaires, la Maison tient déjà la première place et, le 7 juin 1835, par ordonnance royale, Anselme Chiris est nommé juge au Tribunal de Commerce de Grasse.
Le 3 mars 1839, Anselme Chiris prend comme associé son fils Léopold, et, l’année suivante, le 1er mai 1840, il lui cède définitivement l’affaire.
Léopold Chiris meurt en mai 1862 ; ses deux fils, Léon et Edmond, qui lui succèdent, sont âgés : le premier de 20 ans, le deuxième de 18 ans.
Edmond Chiris, qui fut Président du Tribunal de Commerce de Grasse et Chevalier de la Légion d’Honneur, laissa, après un certain temps, la direction de l’affaire à son aîné, Léon Chiris.
Léon Chiris est, dans toute l’acception du mot, un « homme d’action ».
Elu député, puis sénateur, il prend une part active à tous les travaux, à toutes les discussions d’ordre économique. En récompense des services rendus à l’Industrie Française, Léon Chiris est successivement promu Chevalier, puis Officier de la Légion d’Honneur.
Les incursions dans le domaine politique ne ralentissent nullement sa prodigieuse activité dans le domaine des affaires.
Installation des Chiris en Algérie
Dès 1865, il achète à Boufarik, en Algérie, un domaine de 2.000 hectares où il entreprend la culture des plantes à parfum : Géranium, Oranger, Petitgrain, Eucalyptus, Verveine, Cyprès, etc.
Une usine de 3.000 mètres carrés de superficie traite ces produits sur place.
Il est le premier à adopter les chaudières et la machine à vapeur dans son usine ; tout son matériel de distillation est bientôt transformé et les anciens alambics à feu nu relégués aux vieux métaux.
Un savant chimiste, M. Massignon, trouve un procédé nouveau d’extraction du parfum des fleurs, par les dissolvants volatils.
Léon Chiris achète les brevets, le matériel et lance sur le marché les parfums naturels solides.
Il perfectionne bientôt ces procédés et construit une importante usine destinée à ces fabrications.
Le rayon de la Maison est considérablement élargi ; des agences sont créées dans tous les pays de l’ancien et du nouveau continent ; à New-York, en particulier, Léon Chiris envoie son fils et son cousin, Georges Vallois, fonder en 1896 une agence qui devient plus tard la Société Antoine Chiris Company. »
Une dynastie de parfumeurs à Grasse a une suite qui s’intitule « Un empire de la parfumerie à Grasse » relative à l’expansion du groupe au début du XXème siècle.