Séjour à Nice est un récit, en plusieurs épisodes, qui décrit les agréments de cette ville de la Méditerranée.
» Je m’aperçois que je n’ai rien dit de l’architecture des maisons du nouveau Nice.
Elles présentent l’aspect d’une décoration de théâtre, et les peintures à fresque dont elles sont couvertes achèvent de compléter l’illusion.
Le nouveau Nice est surtout la ville des étrangers. Et ce n’est pas l’Angleterre seulement qui lui fournit des hôtes.
Pendant l’hiver de cette année, on voyait sur ce brillant théâtre tout un parterre- de reines et de princesses : Sa Majesté l’impératrice douairière de Russie, Sa Majesté la reine douairière de Danemark, la princesse Marie de Leuchtemberg, la grande-duchesse de Bade, le duc d’Oldembourg, le duc de Sieswig-Auguslembourg, le prince de Slirberg, le prince de Stourdza et le duc de Dino.
Les médecins n’envoient pas seulement à Nice les malades et les convalescents, ce qui en ferait un brillant hôpital ; ils y envoient l’ennui et toutes les maladies morales qui se guérissent par la distraction, l’amour du plaisir, la curiosité voyageuse.
De sorte que Nice est une ville, de plaisirs. On y joue la comédie, ou y danse.
J’ai le regret d’ajouter que le luxe et la coquetterie n’y sont pas moindres qu’à Paris, et qu’à l’occasion d’un grand bal qui a été donné au mois de janvier dernier, des femmes ont acheté des fleurs naturelles à Gênes et les ont fait expédier aux bouquetières de Paris, chargées de les grouper en bouquets de ceinture, en torsades odorantes, en coiffures parfumées, et de les leur renvoyer pour le grand jour à Nice, aussi fraîches que si elles venaient d’être cueillies.
Ces jolies païennes du dix-neuvième siècle font rayer de leur dictionnaire le mot impossible, ne se doutant pas qu’elles recommencent les folies ruineuses de ces empereurs romains qui faisaient fouiller les terres et les mers pour satisfaire à leurs orgueilleux caprices. »
Séjour à Nice (4) se poursuit avec l’épisode Séjour à Nice (5).