Nice vit des hivernants est un récit qui rappelle que pendant longtemps la Côte d’Azur était particulièrement prisée à la mauvaise saison.
» A Nice, sauf les fonctionnaires et les employés, la population tout entière vit des hivernants.
Toute la vie locale est organisée en conséquence, tout le travail, tous les efforts tendent à ce but.
On bâtit, on meuble des villas pour les louer pendant la saison d’hiver.
On construit, on installe luxueusement d’immenses hôtels qu’on ouvrira en décembre pour les fermer aux premiers jours de mai.
On crée, on orne des magasins élégants ; en décembre ils regorgeront de marchandises de toutes sortes qu’il faudra vendre très cher pendant la saison, ou solder à tous prix avant l’été.
On plante, on cultive en automne pour obtenir en janvier, en février et en mars, des primeurs recherchées, des fleurs éclatantes et parfumées, des fruits exquis.
On prépare, on organise une longue série de fêtes splendides qui commenceront à la mi-janvier, par les grandes courses de chevaux de l’Hippodrome du Var et se termineront seulement en avril, par les grandes régates internationales.
Nice alors est resplendissante.
La ville en grand gala, tout fraîchement parée, avec ses gracieuses collines couvertes d’oliviers et de caroubiers, avec ses plaines et ses vallons pleins de fruits d’or, de fleurs éclatantes qui la ceignent d’une ravissante ceinture d’émeraude, attend ses premiers hôtes de chaque année, ses fidèles, ceux qui, après l’avoir quittée pendant quelques mois, ont hâte de la revoir. »
Nice vit des hivernants est un texte extrait du livre « Au pays des enchantements » de Gustave Somons, publié en 1893.