Eloge à la beauté de Nice révèle une des premières oeuvres littéraires qui lance la Côte d’Azur.
” O Nice ! heureux séjour, montagnes renommées,
De lavande, de thym, de citron parfumées ;
Que de fois sous tes plants d’oliviers toujours verts,
Dont la pâleur s’unit au sombre azur des mers,
J’égarai mes regards sur ce théâtre immense !
Combien je jouissais ! soit que l’onde en silence,
Mollement balancée, et roulant sans efforts,
D’une frange d’écume allât ceindre ses bords ;
Soit que son vaste sein se gonflât de colère;
J’aimais à voir le flot, d’abord ride légère,
De loin blanchir, s’enfler, s’allonger et marcher,
Bondir tout écumant de rocher en rocher,
Tantôt se déployer comme un serpent flexible,
Tantôt, tel qu’un tonnerre, avec un bruit horrible,
Précipiter sa masse, et de ses tourbillons
Dans les rocs caverneux engloutir les bouillons.
Ce mouvement, ce bruit, cette mer turbulente,
Roulant, montant, tombant en montagne écumante,
Enivraient mon esprit, mon oreille, mes yeux ;
Et le soir me trouvait immobile en ces lieux.”
Eloge à la beauté de Nice est un extrait d’un poème en quate chants intitulé “Les Jardins” de Jacques Delille, publié en 1780.