Nice est devenue une ville sans charme décrit une vision attristante de cette cité pourtant située au bord des rives enchantées de la Méditerranée.
» Si Nice connut des années de gloire, il ne lui en reste que bien peu de choses.
La ville de Nice est triste
On retrouve de mornes édifices dont on aperçoit la laideur depuis que l’esprit n’est plus distrait par la foule élégante qui les animèrent un temps.
La ville elle-même est triste et pleine de courants d’air traîtres qui, à chaque coin de rue, risquent d’apporter une bronchite.
Dès que le soleil complaisant et faiseur de mirages ne vient plus illuminer les faces maussades des maisons bariolées, elles apparaissent tout à coup dans leur décrépitude hideuse.
Elles sont poignantes de tristesse dès que le soleil ne les éclaire plus, ces pauvres maisons du vieux Nice, tandis qu’à leurs fenêtres des haillons multicolores claquent sous la bise cinglante.
Elles font, on ne sait pourquoi, penser à quelque pauvre fille fardée qui grimace un sourire dans sa misère.
Quoi, est-ce là ce Paradis que nous avions rêvé, ce coin de France favorisé !
De France, dites-vous ? Mais est-on en France ?
Plus de français à Nice
On y parle tous les jargons, on y croise les types les plus bizarres, mais des Français, en reste-t-il ?
Longs Anglais ennuyeux et sans gêne, lourds Allemands sans vergogne, Russes indolents et désabusés. Américains du Sud au luxe tapageur et de mauvais goût, Grecs, Serbes, Bulgares inquiétants.
Nice n’a rien, plus rien d’attirant et seul notre rêve la pare encore d’un charme qu’elle n’a plus. Si vous le voulez garder intact, ce beau rêve, surtout n’allez pas là-bas, il serait détruit.
Tant il est vrai que les plus beaux voyages sont encore ceux que l’on fait sur l’aile diamantée du rêve… »
Nice est devenue une ville sans charme est un extrait de la revue « Les Modes » du mois de novembre 1925.