Monaco met dans le mille raconte un affrontement entre des bateaux de course à moteur.
A Monaco, en 1906, les nations anglaise, italienne et françaises s’affrontent dans une compétition, primée par le prince, opposant des bateaux à moteur pour le record du mille nautique lancé.
» Piloté par Henry Latham, le racer français, Antoinette, complètement paré, quittait le chenal de Monaco à toute allure vers 16 h. 45 ; son réglage arrêté à 1.235 tours d’hélice et, sans ralentir, le bateau allait virer à 3 kilomètres de la bouée de départ pour prendre sa lancée en ligne droite.
Notre petit canot de 8 mètres semblait bondir comme une torpille à la surface de l’eau dans un ronronnement joyeux et sonore de ses 16 cylindres, tandis que des cris d’encouragement et des bravos frénétiques nous accompagnaient tout le long de cette course échevelée.
On afficha enfin la performance d’Antoinette sur le mille lancé : 109 secondes 3/10 ; le record international du monde de vitesse sur l’eau est battu avec 61,105 km à l’heure.
Ce fut du délire parmi les Français ; les hommes hurlaient, les femmes lançaient leurs fleurs, leurs mouchoirs et leurs gants dans la mer.
Vaincus, les Anglais, silencieux et polis, demeuraient impassibles, bien que pensant avoir subi une véritable défaite nationale.
Les Italiens tapageurs réclamaient des sanctions contre les officiels et menaient un charivari assourdissant devant le Sporting, prétextant que l’on avait empêché le Fiat de réparer à temps ses avaries, en ne reculant pas la course au lendemain.
Cependant, l’amiral Merveilleux du Vignaux faisait pousser à ses équipages les hourras réglementaires martelés des cris de « Vive la République », tandis que la musique de la flotte et celle de la garde du prince de Monaco attaquaient ensemble la Marseillaise.
Enfin, commença la salve des 101 coups de canon fêtant le triomphe des couleurs françaises. »
Monaco met dans le mille est un texte repêché dans le livre « L’envol » de Robert Gastambide, publié en 1932.