Sur le champ de course de Nice est un récit qui rappelle que l’activité hippique a animé autrefois la saison hivernale.
” Nous avons eu des courses de chevaux hier à Nice.
Quand je dis Nice, c’est près d’une petite station du chemin de fer de Nice à Cannes, que l’on a disposé l’hippodrome.
Le pont des Vicomtes
Cet hippodrome est borné à l’ouest par le pont du Var, dit le pont des Vicomtes.
Jadis, avant l’annexion du comté de Nice à la France, tout homme âgé de vingt à trente ans s’improvisait tout au moins vicomte en passant ce pont.
Les hommes d’un âge plus mur se sacraient comtes ou marquis, suivant leur bon plaisir.
Malgré l’annexion, le nom est resté au pont.
Mais on ne se distribue généralement plus les titres et décorations qu’à Monaco ou à Menton.
A l’est et au nord, l’hippodrome est borné par le chemin de fer.
A l’horizon s’étend l’encadrement merveilleux des Alpes qui s’étagent en gradins, et dont les sommets couverts de neige se détachent sur le ciel d’un bleu fin.
C’est charmant.
On a des cartes à la boutonnière, comme à Longchamps.
Dans l’enceinte du pesage
Voici l’enceinte du pesage, les grandes dames obligées, et les cocottes réglementaires ; c’est complet.
Les impressari de la chose sont les frères Dennetier.
On les retrouve partout. Nous les avons vus au tir aux pigeons de Monte-Carlo, les voici à Nice, demain à Cannes, après-demain autre part.
Ces gens-là ont réalisé le problème d’être partout chez eux.
Les chevaux sont fraîchement arrivés en chemin de fer, avec leurs grooms, leurs jockeys, leurs entraîneurs et leurs propriétaires.
Voici les bookmakers anglais et français, inséparables de toute réunion où l’on parie.
Voici toutes les petites dames, compagnes obligées de toutes les réunions où l’on rit et où l’on soupe.”
Sur le champ de course de Nice est un texte extrait du livre “La comédie de notre temps” de Bertall, publié en 1874-1876.