Un monarque absolu à Monaco est un article qui dénigre le régime politique du prince de Monaco Charles III.
Là-haut, dans ce nid d’aigle qu’est le château de Monaco, survit un débris du passé, une relique d’ancien régime, un dernier et intéressant vestige du Moyen Âge.
Et jamais antithèse ne fut plus originale, plus digne de Shakespeare, que cet accouplement d’une antique principauté, telle qu’il n’en existe presque plus d’autre en Europe, avec une maison de jeux et de plaisirs qui représente tout ce que la vie moderne a de plus perverti, tout ce que la civilisation contemporaine peut offrir de plus avancé et de plus corrompu.
Le dernier des monarques absolus, le dernier des rois soleils, maintenu dans sa principauté, lors des traités de Vienne, par Talleyrand, qui était, dit-on, parent de la princesse de Monaco, a survécu depuis aux révolutions, aux guerres, à l’écroulement des royaumes, des duchés, des électorats de l’Allemagne et de l’Italie.
Le vent d’unification qui a soufflé avec tant de violence sur le monde depuis une trentaine d’années, culbutant tout ce qui n’était pas vaste empire ou grand royaume, est venu mourir impuissant au pied de la falaise solitaire et charmante où ses ancêtres avaient fixé leur domination.
Une partie de ses États lui a échappé, il est vrai ; il a perdu Roquebrune et Menton ; mais il les a remplacés par Monte-Carlo et la Condamine ; il s’est enrichi en se restreignant.
Et, à l’heure actuelle, tandis que le flot de la démocratie coule à pleins bords autour de lui, il demeure impassible et immuable en sa gracieuse demeure, que gardent des haies de cactus et les canons de bronze sans affûts, mais si finement décorés, que jadis Louis XIV offrit en présent à l’un de ses ancêtres.
Un monarque absolu à Monaco est un texte trouvé dans le livre « Les stations d’hiver de la Méditerranée » de Gabriel Charmes, publié en 1885.