Le Gibraltar de la Riviera relate la présence des sujets de sa majesté britannique dans la ville de Menton.
” Menton, vous le savez, appartient presque exclusivement aux Anglais, qui s’en sont emparés.
Les Anglais ont fait de Menton une ville à leur image, tout en longueur. Vous la croyez finie, elle recommence un quart de lieue plus loin, et toujours ainsi.
Ils y ont importé leur architecture de romance et s’y sont construit des maisons en forme de donjons, de nougats et de pièces montés. Un ange d’albâtre lève rêveusement les yeux sous un vestibule d’hôtel garni.
Ils se sont arrangés une promenade des Anglais, à l’instar de Nice.
Ils se sont même procuré un torrent desséché à l’instar du Paillon.
Le long de cette promenade et au bord de ce torrent, ils se promènent avec la gravité qu’on leur connait, sans regarder personne, dans des costumes d’une coupe chimérique et d’une coloration arbitraire.
Quelque fois, ils montent à âne, et leurs grandes jambes rasent presque le sol.
Les petites filles étalent leurs blondes chevelures dénouées, et les demoiselles majeures montrent un nez aux ailes pincées sous des lunettes vertes.
Heureuses gens ! Heureuse nation ! J’admire sa force et sa sérénité, et son dédain puissant de la raillerie.
Laissons donc les Anglais à Menton. Cela a l’air de leur faire tant de plaisir !”
Ce croquis délicieux et humoristique des Anglais à Menton dans Le Gibraltar de la Riviera est de Charles Moiselet. Son texte date de …1874 et il est issu d’un livre intitulé “Les souliers de Sterne”.