A la rame de Menton vers la Corse

par JMS
A la rame de Menton vers la Corse

A la rame de Menton vers la Corse est une histoire qui raconte la navigation insensée d’un marin de pacotille.

« Un jeune cultivateur de l’Aisne, Henri Longuet, avait projeté ces jours derniers de se rendre en Corse à bord d’une périssoire.

Mardi matin, donc, de fort bonne heure, vêtu seulement d’un maillot de bain, il partait du port de Menton à bord de son frêle esquif.

Il emportait avec lui pour tout bagage une boussole, un sextant et quelques légères victuailles, pensant atteindre le but de son voyage en moins de 15 heures.

Par une mer tranquille, ramant avec vigueur, il ne tarda pas à gagner le large.

La journée de mardi s’écoula et, la nuit venue, le navigateur solitaire s’allongea au fond du bateau pour prendre un repos bien mérité.

L’aube le réveilla et, plein d’une ardeur nouvelle, il se remit à ramer.

Une grande journée passa, encore plus longue que la précédente, plus pénible aussi, car le soleil était de feu.

La nuit vint. Il se laissa bercer par les remous des vagues.

Au petit matin, courbaturé, cruellement brûlé par le soleil, il se sentit, pour la première fois, envahi par l’angoisse mais, bien que démuni depuis la veille de toutes victuailles, il s’efforça de poursuivre sa route.

A 3 heures de l’après-midi, ses forces l’abandonnèrent.

Soudain, ses yeux demi-fermés aperçurent tout près de lui, ô miracle, le petit vapeur qui fait le service régulier Nice-Bastia. Il était alors à 60 milles du rivage.

Le commandant fit hisser l’audacieux navigateur a bord, où les soins les plus énergiques lui furent prodigués.

Henri Longuet a été ramené ce matin à Nice. »

A la rame de Menton vers la Corse est un extrait du journal « L’Ouest-Éclair » du 4 septembre 1937.

AUTRES ARTICLES