saint-Martin-de-Vésubie

Chasse au chamois dans la Vésubie raconte comment certains braconniers des Alpes-Maritimes ont chassé cet animal jusqu’en Italie.

De temps à autre, en effet, malgré l’étroite surveillance des gardes-chasses royaux, un certain nombre de chamois traversent la frontière où les chasseurs, toujours à l’affût, arrivent, à force de ruse et de fatigue, les cerner et à les tirer.

Des chamois italiens

« Autrefois, les forêts des Alpes-Maritimes étaient peuplés de chamois, mais le braconnage s’est exercé sur une vaste échelle et, à l’heure actuellle, nous devons au voisinage des chasses réservées du roi d’Italie, la présence de quelques-uns de ces animaux dans nos bois.

Les prouesses de certains nemrods sont légendaires dans la région. Le département des Alpes-Maritimes compte ainsi deux chasseurs de chamois célèbres.Titella, de St-Martin-Vésubie et Banano, de Berthemont.

Il faut de multiples qualités pour poursuivre la gracieuse bête dont l’agilité est remarquable.

Mais, si la chasse du chamois est difficile, elle est également passionnante.
Aussi, les chasseurs de St-Martin-Vésubie se trouvent-ils souvent entraînés, malgré eux, au-delà de la frontière, où les gardes italiens, avertis par l’expérience, protège le gibier royal avec une farouche activité.

On raconte, d’ailleurs, plusieurs anecdotes amusantes sur les conflits qui s’élèvent, de temps à autre, entre les italiens et les braconniers français.x
Il y a notamment celle où un de nos députés de montagne joua un rôle.

Le fusil du député

Grand chasseur devant l’éternel, il arpentait la montagne depuis le matin. Il avait comme compagnons un groupe de nemrods très ardents et sans s’en apercevoir on foula bientôt le sol italien.

Tout à coup, trois gardes transalpins apparurent à l’horizon.

« Fuyons » dit le député à ses compagnons; « fuyons ou nous sommes pris. »
Mais, à sa grande surprise, aucun des chasseurs ne bougea et le plus intrépide d’entre eux, répondit:
« Qu’est-ce que nous risquons, ils sont trois et nous sommes cinq fusils. Nous allons leur faire leur affaire ! »

Epouvanté, l’élu du suffrage universel n’en demanda pas davantage.Il se voyait déjà le témoin d’un drame sanglant suivi d’une intervention diplomatique.

Il eût donc tôt fait de regagner le sol national où il respira plus à son aise. »

Chasse au chamois dans la Vésubie est un texte extrait du journal « Le provençal de Paris » daté du 20 septembre 1907.