Trajet de Nice à Monaco

par JMS
Trajet de Nice à Monaco

Trajet de Nice à Monaco est une histoire qui décrit les trois moyens de transport qui permettaient de rejoindre la Principauté en 1870.

” Trois voies féeriques conduisent de Nice à Monaco.

En première ligne, il faut placer cette route incomparable de la Corniche ; en second lieu, la voie de mer ; et enfin puisque c’est chose accomplie aujourd’hui, la voie ferrée.

Par la route

La route de la Corniche, taillée dans le roc, est connue par ouï-dire du monde entier.

Vous partez de Nice en corricolo ou en chaise de poste. Le trajet dure de trois à quatre heures : deux heures de montée, une heure et demie de descente.

Pendant ces trois ou quatre heures, que d’émotions, que de contemplations qui vous ravissent, tour à tour vous humilient et vous élèvent l’âme !

A peine avez-vous contourné le mont Gros que la mer, cette reine capricieuse à la robe d’azur, vous fait face.

Vous sentez le froid des hautes régions ; vous apercevez souvent la neige blanche, couronne des cimes arides qui déchirent le ciel tandis qu’à vos pieds des aperçus de verdure luxuriante vous saisissent d’admiration et rendent votre âme à la terre fleurie.

Voici Eze, un nid construit par un géant. Puis vient le mont Agel, et enfin La Turbie !

Vous découvrez Monaco.

Si les chevaux du corricolo faisaient un faux pas sur cette route de corde raide, il vous semble que vous tomberiez sur la place du Palais I

Mais, la voiture roule toujours ; cent fois vous perdez de vue la résidence des Grimaldi, cent fois vous la retrouvez. Toujours elle sourit à vos pieds.

Cependant la spirale de la route se resserre : déjà paraissent les citronniers avec leur délicieux feuillage, les caroubiers gigantesques. Vous descendez plusieurs centaines de mètres.

La mer bleue se frange d’argent. Quelques centaines de mètres encore, et vous entendrez le clapotement de l’eau. Un air tiède, vivifiant, estival, vous pénètre. Un parfum indéfinissable s’exhale de la verdure qui affole votre regard, il vous grise.

Vous êtes à Monaco !

Par la mer

Le trajet sur mer s’effectue en une heure, sur le Charles III. Si vous voulez faire une étude de décors dans lesquels l’inattendu lutte avec la vivacité des couleurs, confiez-vous à la belle inconstante et vous serez ravi.

Sur une toile bleue, le bon Dieu brosse éternellement un printemps rose et vert.

Par le chemin de fer

La voie ferrée aura désormais toutes les sympathies. Il se rencontre moins de poètes et d’artistes que de gens sérieux, avides d’atteindre le but.

M. Tout de suite est à l’ordre du jour. Monaco est une féerie-roman dont beaucoup veulent voir le dénouement en omettant de tourner les premiers feuillets.

Quoi qu’il en soit, la route du chemin-de fer est fort belle.

Et celui qui voudra savourer les délices de la Principauté parcourra les trois voies.

Malgré le chemin de fer, il restera toujours, j’en suis convaincu, un corricolo quelconque et un Charles III à offrir aux amateurs.

La voie de mer est la voie des gens du monde et des artistes. La Corniche est la voie des poètes et des amoureux. La voie ferrée est la route rapide des gens affairés, des prosateurs à grand style quelquefois, à petits systèmes souvent.”

Trajet de Nice à Monaco est un texte issu des “Souvenirs de Monaco” de Charles Diguet, paru dans la “Revue des eaux” en 1870.

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