Du jeu à Monaco raconte comment le Casino s’est installé à Monte-Carlo et a entraîné la richesse de la principauté.
» Le Casino de Monte-Carlo eut, comme toutes les gloires, de très humbles débuts.
Le premier Casino de Monaco
Installé sur la place du Château d’abord, à l’endroit même où s’arrêtait le coche de Menton, dans un bâtiment qui sert actuellement de corps de garde aux soldats monégasques, il était à la fois hôtel, restaurant, estaminet, cercle.
Les joueurs s’installaient au premier étage dans une salle mesquinement meublée, éclairée le soir par des lampes fumeuses et garnie de deux tables uniques, « trente-et-quarante » et « roulette ».
On y risquait la pièce de 40 sous des brelans obscurs, et s’il ne s’y pressait ni princes, ni ducs, ni marquis authentiques, on y coudoyait des comtes des états pontificaux de l’Eglise, des barons allemands, des docteurs prussiens, des colonels américains et quantité de chevaliers de tous les ordres, principalement de celui d’industrie.
Les grecs ou tricheurs chassés des cercles venaient y faire le jeton, car on ne se servait que de jetons échangés contre espèces à un guichet.
Plus tard, un petit steamer au service des tenanciers alla gratis chercher les pontes à Nice et gratis les ramenait.
Roquebrune et Menton venaient d’être annexées à l’Empire de Napoléon III et Monaco restait ville unique de la Principauté.
Migration sur le plateau des Spélugues
Quelques maisonnettes en bois et de rares villas disparaissaient dans le fouillis de verdure des délicieux jardins de la Condamine et du plateau des Spelugues, écrasés aujourd’hui sous l’amas des hôtels et des palais.
La transformation ne s’opéra pas sans de nombreuses fluctuations.
De la place du Château, le « Cercle des Etrangers » passa dans un ancien couvent, celui de la Visitation, puis on descendit aux jardins de la Condamine, pour remonter à Monaco, à la villa Garbarini.
On errait ainsi sans se fixer, car, dans la concession faite à la Société fermière, Charles III exigeait que le Casino fût construit sur le plateau des Spélugues.
Il caressait depuis longtemps le rêve d’élever une ville nouvelle en face de sa vieille cité.
Il n’avait plus qu’à laisser faire.
La maison de jeu dominerait le promontoire et bientôt se grouperaient autour les somptueuses habitations. »
Du jeu à Monaco est un récit extrait du livre « Au pays de Cocagne : principauté de Monaco » par Hector France, publié en 1902.