Excursion pédestre à Falicon

par JMS
Excursion pédestre à Falicon

Excursion pédestre à Falicon est un texte qui décrit une promenade en 1880 vers ce village de l’arrière-pays niçois.

Falicon n’est qu’un point insignifiant dans l’espace lumineux et pittoresque qui environne la ville de Nice ; mais les perspectives variées que ménage aux regards la terrasse de son ancien château le recommandent aux touristes qui ont des goûts artistiques.

Montée vers Falicon

Suivons donc la route de Cimiez, chère aux hôtes de la colonie étrangère, et, après avoir traversé les ruines de l’antique amphithéâtre romain, montons le chemin du quartier de Rimiès jusqu’à l’aire Saint Michel. Il faut monter pendant deux heures et quart.

De là, une route récemment construite conduit, à l’ombre d’innombrables groupes d’oliviers, au pied du cône sur lequel est perché le pauvre village de Falicon, avec ses 515 habitants.

L’ascension devient pénible.

Un chemin tortueux, rocailleux et raide comme une échelle mène à l’église. Cet édifice, qui date de l’an 1624, n’est pas précisément le type le plus parfait de l’art religieux. Mais la vue de l’horizon splendide qu’offre sa terrasse, dernier débris des remparts d’une ancienne fortification féodale, mérite un examen détaillé.

Vue sublime depuis Falicon

D’un côté on aperçoit la ville de Nice avec son vieux château, les sommets verdoyants du Montboron, le fort de Montalban, le mont Vinaigrier, le mont Gros avec la route de la Corniche, un panorama des plus étendus et des plus éblouissants, encadré par les flots bleus de la Méditerranée.

Du côté opposé, un paysage d’un aspect sombre et sévère, les sites agrestes du mont Cau et du mont Maccaron, et, à travers des rochers gigantesques, les massives tours de Tourette et les ruines désolées de Châteauneuf, le village abandonné.

Le retour à Nice par la route de Saint-André ressemble à une promenade dans les vallons alpestres de la Suisse.

On se croirait à mille lieues du pays où fleurit le citronnier.

C’est un décor d’une expression de tristesse indicible, une gorge de montagne dénudée qui rappelle les scènes de sorcières de Macbeth, des rochers escarpés, une terre grise et inculte, une végétation maigre et maladive, çà et là quelques genévriers sauvages et un bouquet de pins maritimes.

Un calme absolu règne dans cette région stérile et solitaire ; on n’entend que le bruit du vent et le murmure d’une cascade formée par les eaux impétueuses du torrent de la Leissoniera.

Nulle trace de culture, d’industrie, de travail humain, à l’exception d’un chétif moulin à huile, qui a l’air d’un grain de blé égaré sur une roche.”

Excursion pédestre à Falicon est un récit tiré du journal “Le Mémorial diplomatique” du 3 janvier 1880.

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