La bonne huile d’olive de Monaco

par JMS
La bonne huile d'olive de Monaco

La bonne huile d’olive de Monaco est une histoire qui raconte comment un produit de grande qualité peut gâcher votre vie.

 » En 1866, séduit par la beauté du lieu, et aussi par le bon marché du terrain, M. de Villemessant, le directeur du journal Le Figaro, fit pour une somme dérisoire, l’acquisition d’un coin de la Condamine, un hectare environ.


Mal inspiré, il revendit le tout moins d’un an après.


Pourquoi s’est-il tant pressé ? La faute en est à l’huile de ses oliviers.


Tout fier de sa récolte, il prodiguait les louanges : « Prenez de cette salade, vous m’en direz des nouvelles ; elle est assaisonnée avec mon huile de Monaco ».
Le propriétaire vantait sa marchandise et il dût satisfaire la demande sans cesse grandissante de sa famille et de ses amis.


L’huile de la Condamine ne tint pas longtemps devant une pareille consommation.


M. de Villemessant avait trop l’amour-propre de son produit pour avouer sa détresse.


Contre mauvaise fortune, il dut faire bon accueil.


Sa provision épuisée, il eut recours aux fabricants. Et ses obligés ne tarissaient pas d’éloges : « Sapristi, que votre huile est donc bonne ».


Bonne, mais coûteuse.


Après plusieurs mois d’une alimentation continue, M. de Villemessant jugea abusif et onéreux le droit de faire de l’huile.


Il y mit bon ordre. Il vendit tout, terrain et oliviers.


C’était trop se hâter. S’il avait attendu, il aurait, avec le temps, réalisé un bénéfice d’un million.


Ce chiffre n’a rien d’exagéré. Calculons. La Condamine mesure 60 hectares, soit 600.000 mètres carrés. Le mètre coûte 100 francs. De ce chef, la Condamine vaut 60 millions.


Et je ne compte ni les ares ni les centiares. »


La bonne huile d’olive de Monaco est un récit tiré de l’Almanach illustré de Monaco et de Monte-Carlo par Charles Limouzin, édité en 1894.

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