La marchande d’allumettes de Nice

par JMS
La marchande d'allumettes de Nice

La marchande d’allumettes de Nice raconte l’histoire de Soleù, une miséreuse qui gagnait sa vie en vendant des allumettes.

” Soleù. Qui dira son vrai nom ?

Ce sobriquet vient à coup sûr de sa laideur, de sa personne décharnée, minable, dépenaillée, sans âge.

Elle portait un éventaire rempli de boîtes d’allumettes. A sa ceinture pendaient des peaux de lapins.

J’entends encore sa voix nasillarde essayer de clamer :

A li allumeta a doui per un soù !

Qu ha de peu de lepre et de peù de lapin !

Les allumettes n’étaient pas chères, mais quelles allumettes !

Des morceaux de bois grossiers, pleins de soufre, dans un étui d’épais papier bleu.

Dès qu’on les frottait, il fallait, si elles prenaient, les tenir à distance et attendre le bon vouloir du phosphore.

Soleù se consacrait uniquement à son petit commerce. Elle vivait dans la rue et ne s’enhardissait à pénétrer dans les demeures que pour acheter les peaux.

Les enfants s’amusaient de Soleù, voulaient la faire parler, mais la bonne femme ne savait rien dire.

C’était une innocente.

Elle se querellait de temps à autre avec les gamins qui se plaisaient à la taquiner, elle bafouillait des invectives.

On la gratifiait parfois de vieilles jupes, de corsages usagés que l’on ne voyait jamais sur elle.

Elle les donnait peut-être. Les miséreux sont charitables.” 

Ce souvenir d’une pauvresse de la fin du XIXème siècle, racontée dans la marchande d’allumettes de Nice, se retrouve dans le journal “L’Eclaireur du dimanche” du 9 janvier 1921.

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