Le coupe-gorge de Monaco reprend une diatribe considérant comme amoral l’enrichissement de la Principauté grâce à son casino.
» Il existe dans le voisinage de Nice un mauvais lieu que je veux signaler : c’est MONACO.
Cette principauté lilliputienne, remarquable uniquement par l’influence détestable qu’elle exerce, a recueilli, abrité, et conserve comme moyen de s’enrichir les jeux publics de hasard bannis de presque toute l’Europe.
Là règne, sur un rocher dénudé et battu du mistral, un principicule souverain, bravant la réprobation universelle, enrichit son trésor des profits de cette honteuse industrie.
— Comment la France, qui a proscrit les jeux, souffre-t-elle à ses portes ce foyer d’infection morale ?
Je ne puis me l’expliquer, sachant qu’un mot de son gouvernement suffirait pour, le faire disparaître et que, même sans intervenir dans les affaires de ce microscopique empire, il ne faudrait pour ruiner sa banque que quelques mesures administratives faciles à prendre et strictement légales.
En attendant qu’on nous débarrasse de ce vilain voisinage, gardez-vous-en et gardez-en vos enfants comme d’un endroit malsain.
C’est là que les grecs, les chevaliers d’industrie, les aventurières et tous ceux auxquels on fait encore trop d’honneur en les appelant le demi-monde se donnent rendez-vous en hiver pour dépouiller les niais.
Les joueurs, qui ne se soucient point avec qui ils jouent pourvu qu’ils jouent, coudoient sans rougir tout ce monde interlope.
Essayer de les en dissuader serait peine perdue.
Qu’au moins les honnêtes gens en possession de leur raison (les joueurs ne l’ont plus) s’abstiennent de donner par leur présence, même momentanée, une apparence de respectabilité à cette principauté coupe-gorge. »
Le coupe-gorge de Monaco est un texte tiré du journal » La vie à Nice » de Léon Rémi Pilatte, publié en 1865.