Le maire de Contes est acquitté est un récit qui raconte une affaire de détournement de fonds.
» André Gasiglia, l’accusé, n’est âgé que de trente-cinq ans.
En même temps qu’il était employé à la Caisse de Crédit de Nice, en qualité de chef des garçons de recette, Gasiglia exerçait encore les fonctions de maire de la commune de Contes, son pays natal, et de conseiller d’arrondissement.
Ce garçon de recette était dans les honneurs. Entré à la Caisse de Crédit en 1871, l’accusé ne tarda pas à gagner l’entière confiance de ses chefs. C’est au point qu’on abandonna à peu près toute espèce de contrôle à son endroit.
Il en profita pour se livrer, à partir de 1874, à d’importants détournements.
La supercherie ne fut dévoilée qu’au mois de mars dernier, par un inspecteur de la Banque, M. Perino. A cette date, Gasiglia avait détourné la somme rondelette de 87,900 francs.
Se sachant découvert, il passa la frontière et se réfugia en Italie où, d’ailleurs, on ne tarda pas à l’arrêter.
A l’audiencé, Gasiglia a fait des aveux complets. Il ne nie aucun des griefs qu’on lui reproche.
M. Thibault, substitut du procureur de la République, déclare Gasiglia d’autant plus coupable que sa qualité de maire de Contes ne faisait que contribuer à écarter de lui les soupçons. Il demande pour l’accusé l’application d’une peine sévère.
Gasiglia a eu la bonne fortune d’avoir pour défenseur Maître Ernest Lairolle, un habile avocat, qui a montré son client subissant, comme tout le monde, la fièvre de la spéculation, et d’autant plus entraîné dans ce tourbillon que sa conduite était exempte de tout contrôle par sa hiérarchie.
D’ailleurs, la famille de Gasiglia a déjà remboursé 35.000 francs. Si on le rend à la liberté, il travaillera pour se libérer complètement envers ses créanciers.
Quatre questions avaient été posées aux jurés. Ils ont répondu à toutes par la négative.
En conséquence, Gasiglia a été acquitté et remis immédiatement en liberté. »
Le maire de Contes est acquitté est un texte extrait du journal « Le Figaro » du 8 août 1885.