Les horloges publiques de Nice

par JMS

Les horloges publiques de Nice est un récit qui décrit comment les Niçois s’y prenaient pour connaître l’heure.

 » Je ne sais si vous avez remarqué que nous n’avons si peu su l’heure, que depuis le jour où la Mairie de Nice a dépensé 30.000 francs pour l’installation des horloges électriques.

Ces machines devaient fournir à la population une heure gratuite, unique et obligatoire ; obligatoire en ce sens que les cochers eux-mêmes eussent été obligés de s’y soumettre.

Mais, bah ! les aiguilles battent la pretentaine et se moquent agréablement du soleil, de la lune, du Conseil et surtout du public.

Enfin, n’en parlons plus c’est fait, et il n’y a pas à y revenir. Mais, au moins, puisqu’elles sont là, ces benoîtes horloges, plantées aux coins des rues avec des airs navrants d’ennui, qu’on les utilise convenablement !

Cela m’amène, par une digression très aisée, à vous parler des différents modes de fixation de l’heure à Nice dans le temps et dans l’espace.

Premières horloges

Quatre horloges publiques ont existé d’abord : celle de la vieille tour du collège des Jésuites (aujourd’hui le Lycée) que le hidello remontait lorsqu’il en avait le temps ; celle de l’ancienne Mairie, sur la place St-François, avec un cadran correspondant, sur la tour contiguë ; l’horloge de Ste-Reparate et enfin celle de la Tour St-Dominique, qui s’élève au coin de la caserne du même nom.

Quelques églises s’étaient, en outre, payé le luxe d’une horloge publique encastrée dans leur clocher ; mais l’heure débitée par ces mécanismes-là n’avait aucune garantie de sécurité.

En somme la seule horloge sérieuse que les vieux niçois aient consultée et qu’ils consultent encore avec confiance est celle de la place St-Dominique ; c’était le beffroi officiel de la ville, qui sonnait le tocsin dans les grandes occasions ; un gardien préposé à la garde de la tour, et dont la femme a toujours vendu des légumes au pied même de l’édifice, remontait à heure fixe cette horloge.

Il sonnait aussi l’Ave Maria trois fois par jour, le matin, à midi et le soir, à des heures variant avec les saisons ; et annonçait enfin, chaque soir, à dix heures, le couvre-feu, sorte de rappel aux bourgeois attardés et d’avertissement aux ivrognes.

Tour St-Dominique

Quand je dis, à dix heures, c’est peut-être bien précis ; il parait que le bonhomme qui garde la tour en prend à son aise, depuis cette profusion d’aiguilles et de cadrans répandus sur la voie publique.

Il sonne quand il veut et quand il peut.

De leur côté les horloges électriques se fient à la Tour St-Dominique, et le public se fie à tous les deux ; avec ça, on peut être sûr de ne jamais savoir l’heure juste.

Décidément c’est bien beau le progrès ! « 

Les horloges publiques de Nice est un texte tiré du journal « Nice artistique » du 14 mai 1887.

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