La Turbie à la Belle Epoque est une histoire qui raconte comment les mondains venaient prendre du bon temps sur les hauteurs de Monaco.
La Turbie est située à l’extrémité de la Route de la Corniche ; on y arrive également par le petit funiculaire à crémaillère, système Riggenbach, qui aboutit à l’hôtel Righi d’hiver, de style composite, d’un gracieux effet, réputé par l’excellence de ses menus et où les jolies mondaines vont réparer les fatigues de Monte-Carlo.
Cette position, d’un coup d’œil éblouissant et de laquelle on voit distinctement, par les temps clairs, les hautaines dentelures neigeuses des montagnes de la Corse, domine les délices fleuris et les splendeurs monumentales du Casino de Monte-Carlo et les toits pressés de Monaco, la vieille ville emmantelée de pierre sur son rocher.
La Turbie est située entre les deux puissants forts de la Tête-de-Chien et du Mont-Agel, dont les batteries d’artillerie protègent une formidable étendue.
A quelque distance de l’hôtel, refuge du monde chic, qui déguste l’or du Moët-et-Chandon dans le bleu de l’azur, se dresse une ruine de gigantesques proportions, fière encore et superbe, malgré son pourpoint de haillons et ses loques de pierres.
La Turbie fut une ville où naquit jadis l’empereur Pertinax, et ces ruines ne seraient autre chose que celles du fameux Trophée qu’Auguste éleva pour célébrer sa victoire sur 45 tribus liguriennes, et dont parlent les historiens, et particulièrement Pline, dans son Histoire Naturelle. »
La Turbie à la Belle Epoque est un extrait du livre « Aux pays d’azur » de Jules Monod, publié en 1902.