Les bâtisseurs de Cannes racontent comment deux nobles anglais ont lancé le tourisme dans cette ville.
» On sait que c’est à l’initiative de deux anglais illustres, lord Brougham, ancien lord, chancelier d’Angleterre, et son parent, sir Robinson Wooldfield, que Cannes doit d’être devenue une des stations hivernales les plus fréquentées du littoral de la Provence.
Leur arrivée à Cannes date de 1831, et depuis cette époque jusqu’à sa mort, le chancelier Brougham vint chaque année demander à ce climat sinon la guérison, au moins l’allégeance de ses maux.
Son exemple fut suivi bientôt par les valétudinaires de tous les pays du Nord. Avec les malades arrivent les parents et les amis bien portants, les touristes valides et les simples désœuvrés qui vont où la mode les pousse.
En 1834, lord Brougham éleva le Château d’Eléonore-Louisa, grand édifice à péristyle dorique, bâti au milieu d’un bois d’orangers et d’oliviers, où il fixa sa résidence.
Lord Wooldfield, auquel Cannes doit aussi une partie de sa prospérité actuelle, fit bâtir à la même époque d’abord la jolie Villa de Victoria, située dans le ravin de Brou, le plus riche et le plus gracieux des cottages puis au-dessus le château de Ste-Ursule, ou villa Vallombrosa, construction originale avec ses hautes tours à machicoulis, qui lui ont valu le nom vulgaire de Château aux Tours.
Lord Wooldfield l’a cédé à lord Landborough, un des plus riches propriétaires du Royaume-Uni.
Ce sont bien ces deux gentlemen anglais qui donnèrent le branle aux constructions de ces villas, si multipliées aujourd’hui autour de Cannes, que les pentes et les collines voisines ne suffisent déjà plus à leur établissement. »
Les bâtisseurs de Cannes est un texte extrait du journal « Alger-saison » du 7 janvier 1883.