Pas de choléra à Cannes est une histoire qui rappelle que cette maladie a été à l’origine du développement de la ville.
« En 1854, la grippe, qui précéda le choléra et qui fit presque autant de victimes, fut une providence pour notre pays, que ces deux fléaux épargnèrent.
C’était l’époque où les populations aristocratiques du nord de l’Europe font leur invasion périodique vers le sud, pour échapper à la bise et aux brouillards inconnus chez nous.
Le roi de Piémont, craignant que toute cette population nomade, venue des lieux infestés par l’épidémie régnante, n’importât le fléau dans ses États, organisa le long du fleuve Var un cordon sanitaire destiné à arrêter les étrangers, et les forcer à faire une quarantaine de quelques jours avant d’être autorisés à pénétrer en Italie.
Beaucoup de familles anglaises refluèrent vers Cannes pour y purger leur quarantaine.
Lord Brougham, ex-chancelier d’Angleterre, fut du nombre de ces dernières.
Il voulut utiliser les quelques jours qu’il avait à passer dans notre pays à visiter les sites qui l’entourent.
Il ne fallut pas longtemps à cette imagination puissante pour remarquer les richesses du paysage, l’excellence de certaines positions, et pour construire dans sa vaste intelligence tout l’avenir du pays.
Il acheta une propriété dans une situation charmante, et bientôt, du milieu d’un magnifique bois d’orangers et d’oliviers, surgirent les gracieuses tourelles, les élégantes colonnades du château Éléonore-Louise.
Le noble lord l’avait dédié à une fille chérie, que la mort moissonna bien jeune et qui ne devait point l’habiter.
De ce jour, la fortune de Cannes fut assurée.
Le pays compta un grand citoyen, et de plus un admirateur passionné de son climat et des sites qui l’entourent.
Il parla tant et si haut de sa colonie, que sa voix fut entendue, et qu’il ne tarda pas à avoir des imitateurs. »
Pas de choléra à Cannes est un texte extrait du lire « Cannes et ses environs » de J.B. Girard, publié en 1859.