Les paysans de Cannes

par JMS
Les paysans de Cannes

Les paysans de Cannes est un texte qui décrit les débuts du tourisme sur la Côte d’Azur avec l’arrivée des étrangers.

La ville de Cannes, située à sept lieues de Nice, presque au pied de la chaîne de l’Esterel, est infiniment plus modeste que cette dernière.

Cannes en province

Jusqu’ici le luxe n’y règne pas. C’est tout simplement une petite ville de province, et, pour la peindre d’un mot, un Nice d’il y a vingt ans.

Les étrangers, au lieu d’y former la population dominante, comme à Nice, s’y aperçoivent à peine.

On n’a, jusqu’à présent, rien disposé pour eux. Pendant l’hiver, les habitants se serrent un peu et leur font place dans leurs propres logements.

Aussi se plaint-on, en général, d’y être chèrement et incommodément logé.

Cependant, depuis quelques années, l’affluence ne cesse de se développer très rapidement. Les propriétaires et maîtres d’hôtels avouent qu’il se présente au moins deux fois plus de monde que la ville ne peut en héberger. Mais ils ne s’en remuent pas davantage.

Charme désuet de Cannes

Il est résulté de ces circonstances que, tandis que Nice prenait de plus en plus le caractère d’une ville artificielle, consacrée à l’exploitation des étrangers, Cannes gardait au contraire, avec une ténacité remarquable, sa physionomie primitive.

Ce sont toujours les vieilles rues mal pavées, mal aérées, peuplées de mauvaises boutiques, plutôt faites pour le service des paysans qui viennent s’y approvisionner, que pour celui de la bonne compagnie.

Et, pour tout résumer, pas une marchande de modes !

Mais il y a des gens qui n’aiment ni les hôtels garnis, ni le fastueux appareil des toilettes parisiennes, ni l’aristocratie des équipages, ni les fracas de la foule et qui ne viennent chercher sur la Méditerranée que les douceurs du soleil et les délices du paysage.

Pour les gens de cette trempe, la modestie villageoise de Cannes vaut mieux que Nice avec ses grands airs. Ils n’y servent pas de proie aux hôteliers rapaces, et y vivent au sein d’une population toute française et douée d’une aménité naturelle qu’on chercherait en vain dans toute autre partie du Midi.

C’est là ce qui explique, si je ne me trompe, comment tant de personnes se fixent à Cannes au lieu d’aller, à trois heures de là, se précipiter dans les riches tourbillons de la ville de Nice.

La vie de campagne les séduit, et, trouvant le printemps sur leur route, elles s’arrêtent, pour le goûter.”

Les paysans de Cannes est un extrait de la revue “Le Magasin pittoresque” de 1857.

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