Choléra à Vintimille

par JMS
Choléra à Vintimille

Choléra à Vintimille raconte comment une grave épidémie, difficile à endiguer, a affecté gravement les relations franco-italiennes.

« Les mesures extrêmes prises par le gouvernement italien à l’occasion du choléra rendent très tendues les relations de frontière à frontière.

Déjà, des représailles commencent de la part de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée.

Epidémie de choléra à Vintimille

Depuis hier, les trains ne vont plus à Vintimille, qui est la gare terminus.

Ils s’arrêtent au lazaret de la Mortola, débarquent les Italiens fugitifs dans l’enceinte de la quarantaine, qui ne peut tarder de devenir une nécropole, et reviennent incontinent à Menton.

Cette grave modification au règlement a été motivée par les faits que voici.

Jusqu’à ce jour les trains français, après avoir déposé à la Mortola les voyageurs de Marseille, continuaient jusqu’à la gare internationale.

Mais l’administration italienne a exigé que chefs de train, conducteurs, mécaniciens et chauffeurs soient parqués pendant leur séjour dans une affreuse baraque éloignée, infecte, dans laquelle ont été entassés déjà des voyageurs suspects.

Ce traitement n’était pas supportable. La Compagnie a supprimé les trains. Ce n’est que justice.

Ce qui se passe au lazaret de la Mortola met en évidence l’affolement aveugle de l’administration italienne.

On compte par centaines les malheureux fugitifs. Ceux qui en ont les moyens peuvent se procurer une chambre infectée par le précèdent locataire. Ceux qui ne possèdent rien couchent sous une tente.

Le lazaret de la Mortola

L’affluence des fuyards est telle qu’il est difficile d’alimenter tout le monde. Le lazaret va être un foyer d’épidémie où le fléau trouvera des éléments de malpropreté et d’infection.

Plusieurs décès ont déjà eu lieu, et comme on peut redouter une mortalité que l’état atmosphérique doit développer, force a été d’évacuer le lazaret de la Mortola.

Avant-hier, hier et aujourd’hui, trois vaisseaux-transports sont arrivés dans le golfe et ont mouillé assez près du rivage pour embarquer les quarantenaires. Ils sont près de 3.000 et le nombre augmente chaque jour.

Un fait curieux à noter. Il y a eu depuis une dizaine de jours cinq accouchements très heureusement pratiqués dans ce foyer de contamination.

Menton, Monaco, Nice sont jusqu’à ce jour épargnés. La santé publique n’y a jamais été meilleure. »

Choléra à Vintimille est un extrait du « Journal des débats politiques et littéraires » du 20 juillet 1884.

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