Tout est cher à Menton est un récit qui raconte comment les Mentonnais s’y entendent pour tondre les touristes.
” A Menton, on ne s’amuse pas, et généralement on n’est pas là pour s’amuser.
Il y a deux villes à Menton la vieille ville, où l’on se porte bien, et la ville nouvelle, où l’on se porte assez mal et où l’on vient pour bien se porter.
La plage qui s’étend au bord de la mer bleue, souriante et dorée, n’est pas une plage de luxe comme celle de Monaco, ou même de Nice ; la nature a fait ce qu’elle a voulu, les habitants n’ont rien voulu faire de plus.
Vous voulez du soleil, en voilà ; un air doux et embaumé, le voici. Pour le reste, allez-vous promener. Faites ce que vous voudrez, cela ne nous importe guère.
Si vous retrouvez à peu près la santé, tant mieux. Vous reviendrez l’année prochaine, et vous amènerez avec vous de nouveaux venus, taillables comme vous et contribuables à merci.
Dans le cas où votre santé ne se rétablirait pas, tant pis ; cela nous est fort indifférent ; il en reviendra assez d’autres sans vous.
Les Mentonnais sont féroces.
Les troupeaux de malades qui accourent tous les ans pour respirer l’air tiède pendant l’hiver, sont comme des brebis qui viennent se faire tondre pour la plus grande satisfaction des indigènes.
A Menton on ne trouve rien qu’à prix d’or, et il faut se contenter de ce qu’il y a, les habitants ne se donnant pas la peine suffisante pour faire venir quoi que ce soit en dehors des choses dont eux-mêmes font usage.
Il faut donc à peu près tout apporter avec soi.
On trouve le reste à Menton. Et c’est très cher.”
Tout est cher à Menton est un texte extrait du livre “La comédie de notre temps” de Bertall, publié en 1874-1876.