De la fortune de Monaco est un extrait d’un pamphlet violent contre la famille princière de Monaco et le Casino de la principauté.
» Il y a quelques quarante ans, un industriel peu scrupuleux, répondant au nom de François Blanc, installait sur le rocher de Monaco, dans une grange, un jeu de hasard.
Roue de la fortune à Monaco
C’était une aubaine pour feu le prince Charles de Monaco qui végétait misérablement sur son rocher où les cactus et les aloès poussaient à merveille, mais ne fournissaient que peu d’aliment à la prospérité publique.
Ce prince avait hérité d’un beau nom très connu au moyen-âge pour les exploits de ses chevaliers sur les grands chemins du Piémont, de la Savoie et de la Provence, d’où ils s’en retournaient sur leur rocher imprenable, vraie aire de vautours.
Les Grimaldi ne laissèrent à leur descendant Charles III que quelques pierres vermoulues, des moines mendiants et sordides et une population de sujets lépreux, anémiés, crevant la faim et la misère.
Vint la roulette et ce fût l’opulence.
De paresseux et nonchalants qu’ils étaient, les Monégasques tirent leur toilette, mais leur conscience noircit d’autant. Ils se firent gargotiers, usuriers, prêteurs et le jeu insuffla dans les mœurs de cette population une soif d’or, une âpreté de gain, une horreur du bien.
Comme une bande d’oiseaux de proie ils s’abattirent sur le public qu’on attirait à la grange, à grands coups de réclame, guidés par leur prince, leurs moines, et la séquelle des croupiers.
Vie facile à Monaco
Et la curée commença. L’or et l’argent affluèrent bientôt et tout se transforma.
Le prince supprima la dîme sur le pain et la viande de ses sujets, et s’abstint de leur vendre de la farine pourrie comme au bon temps jadis, où il était encore leur boucher, leur meunier et leur boulanger en même temps que leur prince.
Les moines eurent des robes neuves, élevèrent un couvent, un collège, emplirent les futailles, entassèrent victuailles sur lingots et lingots sur victuailles.
Le prince Charles, tout en faisant le signe de la croix, fit solidifier les crevasses de son donjon qui menaçait ruine, bâtit un palais merveilleux.
Puis, il commença sur ses vieux jours à vivre de la vie des grands seigneurs, lui qui n’avait jamais vécu que de celle des pâtres et se contentait de fromage de chèvre et de châtaignes pour ses repas. »
De la fortune de Monaco est un texte issu du livre « Monte-Carlo intime » de Pierre Monfalcone, édité en 1891.
Ce pamphlet doit être considéré comme un document historique et ne saurait représenter la position de l’équipe de Passion Riviera.