Le fou du port de Nice

par JMS
Le fou du port de Nice

Le fou du port de Nice est une histoire qui raconte une équipée pour récupérer un héritage.

 » Le gardien de la paix Paul Christin était de service hier, vers 20 heures, au quartier du Port, lorsque, soudain, son attention fut attirée par les agissements plutôt bizarres d’un individu qui remorquait un âne.

L’un tirant l’autre, ils tournaient depuis un moment, indécis sur le chemin qu’ils devaient suivre, et de temps à autre, l’homme lançait aux échos des réflexions assez décousues.

Le gardien de la paix s’approcha et il n’eut aucune peine à se rendre compte que le quidam n’était pas dans un état normal.

Il l’invita alors à l’accompagner à l’Hôtel de Police, rue Gioffredo ; mais une résistance farouche lui fut opposée : gesticulations, imprécations.

Rien ne fut épargné au malheureux agent, et bientôt, ce fut le scandale avec l’inévitable attroupement.

Finalement, force resta à la loi et l’énergumène, toujours flanqué de son baudet — qui, il faut le souligner, ne s’était pas départi d’une attitude très digne — prit le chemin de la permanence de police.

Là, le commissaire Moracchinl, réussit à connaître son identité : Louis- Julien-François Richier, âgé de 40 ans, cultivateur, domicilié à Gattières.

Propos incohérents

Questionné sur les raisons de sa promenade nocturne en compagnie d’un âne, Richier s’élança dans un interminable discours d’une magnifique incohérence, d’où il ressortait, clair comme le jour, qu’il était loin de posséder toute sa lucidité d’esprit.

Le docteur Daibera, médecin aliéniste, fut aussitôt mandé et un examen eut lieu.

Cependant, Richier continuait son discours et c’est ainsi qu’on eut la clef de l’équipée sur les quais du port : le cultivateur avait quitté Gattières pour venir toucher à Nice un héritage de… cent quatre-vingts millions de dollars.

Et du même coup la présence du baudet devenait lumineuse : c’était lui qui devait ramener le magot à Gattières !

Le dément qui, décidément était en veine de confidences, voulut même persuader M. Moracchini que Mme Richier, sa mère, était la propre sœur de Jésus Christ.

Il est même probable qu’il essaya d’expliquer par cette parenté son fabuleux héritage, mais ce fut peine inutile : la preuve était faite qu’il était sérieusement déséquilibré.

Un coup de téléphone au maire de Gattières permit d’apprendre que, depuis longtemps Richier donnait des signes d’aliénation mentale et que ces jours derniers, son état avait particulièrement empiré.

Il fut aussitôt dirigé sur l’asile Sainte-Marie. »

Le fou du port de Nice est un texte tiré du journal « Le Radical de Marseille » du 30 mai 1938.

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