Les pigeons de Monaco est un récit qui rappelle que les volatiles servaient de cibles aux fusils de tireurs venant de toute l’Europe.
” A partir de midi, c’est comme une fusillade.
Les côtes de Monte-Carlo et de Monaco seraient-elles attaquées ?
Si la guerre est déclarée, c’est tout simplement aux pigeons.
Priez l’un des frères Dennetier, qui ont organisé merveilleusement cette guerre, de vous mener voir le champ de bataille.
Descendez les escaliers qui de la grande terrasse conduisent au bord de la mer.
La vaste esplanade du Tir aux pigeons est là conquise à grands frais sur les flots, couverte d’un gazon qui semble un tapis de velours vert.
A droite, plusieurs salles richement décorées, pour recevoir, abriter, et au besoin nourrir les sportsmen et les tireurs.
Derrière, la vaste volière, ou prison contenant dix mille condamnés qui attendent leur sort.
Ces condamnés sont les pigeons, de toute sorte et de toute nuance, belges ou anglais pour la plupart.
Le hasard décidera de leur vie.
Ceux que leur mauvaise veine placera dans une des cinq boîtes, au-devant du fusil du comte de Montesquieu, du baron Baracco, du duc de Rivoli ou du prince de Ligne, de M. Damis, et surtout du capitaine Patton, peuvent à coup sûr faire leur testament, nous dit M. Dennetier.
Devant bon nombre d’autres tireurs, il y a quelque chance de s’en tirer.”
Les pigeons de Monaco est un texte extrait du livre “La comédie de notre temps” de Bertall, publié en 1874-1876.