Portées de musiques à Nice est un récit qui donne une vision bien particulière de la promenade des Anglais.
” La promenade des Anglais s’étend depuis l’embouchure du Paillon, c’est-à-dire l’endroit où les derniers galets viennent se mouiller un peu dans la Méditerranée, jusqu’au promontoire qui se dessine à l’ouest de la ville, à la distance d’au moins une lieue.
Du côté de la mer, il règne tout le long de la promenade un cordon régulier qui se compose ainsi : un palmier, un arbre en forme de balai, un bec de gaz ; puis un palmier, un balai, un bec de gaz, et ainsi de suite jusqu’à l’horizon.
Les poteaux électriques, plantés en pendants de messieurs les palmiers, forment l’allée du côté de la mer, et terminent le tableau, à l’aide des cinq lignes droites du réseau télégraphique, portées muettes, qui semblent attendre la musique qu’Offenbach devrait bien y semer en passant, pour égayer un peu et compléter l’harmonie du tableau fantaisiste.
Les palmiers qui montent ainsi la garde le long de la côte n’ont été engagés dans la troupe des becs de gaz que depuis quelques années.
Venus des côtes d’Italie, ils ont été plantés dans des cadres et arrosés d’eau chaude pendant toute une année ; ils se sont acclimatés tant bien que mal, mais ils ne semblent pas avoir repris encore tout leur moral.”
Portées de musique à Nice est un texte extrait du livre “La comédie de notre temps” de Bertall, publié en 1874-1876.