Montagne de desserts à Nice est un récit qui rappelle les belles traditions qui entouraient la table de Noël.
« Enfin, viennent les desserts.
La porcelaine cérémoniale arrive pièce à pièce se ranger, avec symétrie, sur le lin couleur de la neige.
Presque toujours, le meuble étant trop exigu, la comédie aura plusieurs actes.
Le cachia-fuec, énorme bûche qui doit brûler jusqu’au jour des Rois, pétille dans l’âtre incandescent ; le père fait réciter au plus jeune de ses héritiers un bénédicité pour les vivants et pour les morts, un de profundis qui arrache des soupirs ; un regard d’amour est jeté sur les portraits de ceux que des obstacles surhumains ont retenus loin du banquet ; un flot de vin blanc est lancé dans le brasier ; une flamme bleue s’en échappe, comme un feu de Bengale… et le dessert est attaqué.
Défense aux petits rois du festin de poser leurs doigts roses sur cette Arche de la sucrerie !
La mère met un peu de chaque chose dans l’assiette de chaque bambin, et le total doit durer pendant les trois jours de fête. Qui mange tout ce soir, n’aura rien demain.
Il faut voir, après le repas, avec quelle précaution chacun renferme sa part restante sous la protection de la statue… de Brillat-Savarin.
Montagne de desserts à Nice est un texte extrait du journal « la Semaine niçoise » du 24 décembre 1898.
Ce récit a une suite intitulée « Joyeux Noël à Nice »