Auberge mexicaine à Nice est une histoire qui raconte une fête organisée au Ruhl.
» La recette employée au Ruhl par Paul Tissier est très simple.
Vous prenez un vaste hall, vous dissimulez les murs, le plafond, les colonnes avec des étoffes peintes et vous avez une auberge mexicaine.
Pour compléter l’illusion, vous faites venir des gitanes, des Indiens, des noirs et trente guitaristes qui, sans arrêt, gratteront des pasodobles.
Ajoutez si possible, des perroquets, des singes, des paons blancs et une autruche.
Distribuez à chaque spectateur quelques petits objets tels que bouquets, cannes, banjos et oiseaux chanteurs.
Engagez, bien entendu, des danseurs aussi célèbres que les Chilenos ; combinez, en les alternant, des scènes de bouge, et des fêtes éblouissantes avec une centaine de beaux gars et de jolies filles au teint d’ambre.
Faites jouer sur le tout la lumière, l’ombre et les sept couleurs du prisme. Et c’est fait. Ce n’est vraiment pas plus difficile que ça. Mais il faut avoir la manière.
Pour notre part, nous serions très embarrassés : d’abord pour réunir ces objets, ces animaux et ces gens assez rares dans nos parages et puis pour en faire quelque chose. Les animer fougueusement sans tomber dans la cohue, les grouper sans composer des tableaux vivants ou des défilés d’opéra, tel est le problème que Paul Tissier a résolu.
Jamais aussi magistralement que l’autre soir sûrement. Servi par une nature d’animateur, un sens parfait de l’art et de la beauté, une éducation technique complète, il a atteint mercredi, au Ruhl, la perfection dans la plus délicate, la plus complexe des entreprises.
Et, au sortir du Ruhl, encore enfiévré par le soleil et l’air embrasé des tropiques, nous avons eu une pensée mélancolique : Paul Tissier ne pourra plus se surpasser. »
Auberge mexicaine à Nice est un texte découvert dans le journal « L’Éclaireur du dimanche » du 1er mars 1925.