Le poète de Solliès-Ville est une histoire qui raconte le passé de ce village du Var.
» Solliès-Ville, la ville aux deux soleils, aux deux soleils liés ! Ils sont dans les armoiries de l’antique cité féodale ces deux soleils symboliques et nul blason héraldique qui pût se glorifier de posséder de plus belles armes !…
On monte à Solliès-Ville par une route qu’on prend à Solliès-Farlède.
Elle allonge son ruban, la route grimpante, contre les flancs de la colline toute toisonnée de pins et de plantes rustiques ; elle s’élève graduellement ménageant des visions de plus en plus larges sur le plus radieux des décors.
Une petite chapelle délabrée ; et au tournant, tout le village apparaît brusquement.
C’est tout un échafaudement de bicoques vétustes, d’où se détache à la pointe même du roc le clocher carré de l’église romane surmonté de son campanile en fer forgé.
C’est en un pittoresque désordre, tout un amas de façades étagées, dont quelques-unes restaurées depuis peu, tranchent par la blancheur de leurs murs sur la teinte bise des autres…
Un vieil arceau, une porte en plein cintre, un caveau béant retiennent l’attention. Voici une placette rustique, ombragée de platanes gaillards, un bassin qu’alimente une fontaine roucoulante, des voûtes massives abritant un lavoir.
Dans l’ouverture d’un arc d’ogive s’encadrent le campanile et l’horloge.
Et les vieux remparts croulants, saurés et patinés par le hâle des âges, évoquent encore dans cette ambiance de quiétude agreste, des souvenirs d’épopée et des gestes héroïques.
Un salut en passant à la vénérable église romane et à son buffet d’orgue, le plus ancien de France.
Un salut au monument des tués à l’ennemi contre le mur de l’horloge ; et au médaillon du poète soldat, macaronique et galéjeur, Antonius Aréna, un enfant du pays.
Un salut à « l’Oustaou de Maurin », le logis du Maître Jean Aicard, célèbre poète provençal et romancier de l’Académie française, également maire du village.
Puis, une visite s’impose, au nord du plateau, aux vestiges imposants du château féodal des Forbin, transformés en un incomparable théâtre de la nature.
Ainsi, Solliès-Ville, depuis les inoubliables fêtes des 7 et 8 août 1920 et la venue de la Comédie Française, rayonne avec cette ruine superbe où fût jouée avec succès la pièce de Jean Aicard : Forbin de Solliès ou le Testament du roi René. »
Le poète de Solliès-Ville est un texte découvert dans le mensuel « Le Var illustré » de janvier 1921.