Trafic d’esclaves à Toulon

par JMS
Trafic d'esclaves à Toulon

Trafic d’esclaves à Toulon est un récit qui rappelle que le cité s’est livrée à cette activité lucrative pendant plusieurs siècles.

 » On ne saurait mettre en doute que Toulon n’ait été un centre actif de vente d’esclaves.

C’est un fait incontestable que l’esclavage pur, avec le droit exorbitant, dans une société chrétienne, de vendre et acheter des esclaves, de les laisser par testament en forme de succession ou de legs, a subsisté en Provence jusque vers la fin du XV° siècle.

Un marché d’esclaves à Toulon

Il est permis de supposer que les premiers esclaves furent les vaincus sarrasins du Fraxinet épargnés par l’épée de Guillaume Ier de Provence en 973, et que leur postérité forma longtemps le fond de la race soumise à la servitude.

Il est certain, d’autre part, que lorsque la Provence eut une marine de commerce, la population esclave s’accrut de tous les captifs faits dans des rencontres sur mer entre les corsaires provençaux et les corsaires des côtes d’Afrique, de Syrie, de Grèce et des îles de l’Archipel.

Avec le temps, le trafic des esclaves devint un commerce lucratif, et les navigateurs d’Arles, de Marseille, de Toulon et de Nice achetèrent sur les marchés du Levant des esclaves qu’ils revendaient ensuite avec un grand bénéfice en Provence.

Les femmes et les jeunes filles esclaves qui figurent dans nos actes notariés de vente avaient toutes ou presque toutes cette origine.

Hommes et femmes, qu’ils provinssent d’une prise, d’un rapt sur les côtes levantines ou d’un achat régulier, étaient donc versés dans nos villes maritimes et y devenaient l’objet de transactions suivies.

Le premier soin des traficants en touchant une terre chrétienne était de faire baptiser les esclaves qu’ils avaient à bord, aussi ne les trouve-t-on jamais désignés dans les actes de vente que sous les noms d’un saint ou d’une sainte.

Des ventes d’esclaves codifiées

La vente comportait certaines responsabilités pour le vendeur, et l’usage avait prévu des cas de nullité de la vente donnant même lieu à des indemnités pour l’acheteur.

Ainsi, entr’autres, lorsque l’esclave était atteint d’épilepsie, ou bien si, sa qualité d’esclave n’étant pas bien établie, il pouvait devenir plus tard sujet à des réclamations entraînant l’éviction.

En voici un exemple.

Le 30 mai 1326, Marquet Franquer, de Toulon, capitaine d’une galère appelée le Saint-Victor, vendit à Arnaud, de Marseille, deux esclaves d’origine grecque, dont l’un, âgé de trente ans, se nommait Pierre, et l’autre, âgé de vingt-quatre ans, se nommait Georges.

Le prix de vente fut fixé à quarante-cinq livres royales les deux.

Comme il aurait pu s’élever quelques doutes sur la question de savoir si Pierre et Georges étaient réellement esclaves et avaient été acquis « de bonne guerre sur les côtes de la Roumanie », Marquet Franquer, sous sa garantie pécuniaire et celle de trois témoins, s’engagea à restituer à Arnaud le prix soldé des deux esclaves et les dépenses faites pour eux, « en cas de péril d’éviction ou d’atteinte du mal caduc ».

Trafic d’esclaves à Toulon est un texte tiré du livre « Histoire de Toulon » de Gustave Lambert, publié en 1886.

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