Exclusions du Carnaval de Nice est un nouvel épisode du feuilleton de Passion Riviera sur les Mystères du Carnaval de Nice.
» La chronique du Carnaval de Nice de 1878 dit que quarante mille curieux contemplèrent du haut des terrasses le cortège carnavalesque qui se déroula pendant les deux jours gras du dimanche et du mardi.
Le spectacle était séduisant — particulièrement séduisant parce qu’on avait interdit l’accès de la place de la Préfecture aux porteurs d’oripeaux et aux bandes grotesquement accoutrées.
Passons sur les cache-poussières : ils étaient utiles.
Pas de traîne-savates au Carnaval
Mais les chemises de nuit de femmes, les caleçons rapiécés, les bonnets de coton crasseux, les vases de nuit qu’on mettait sous le nez des curieux, les parapluies dont il ne restait que les baleines, le manche et les ressorts ; les corsages rebondissants, les jupes bouffantes, les chapeaux aux formes bizarres, en un mot toute cette garde-robe empruntée à l’armoire d’un chiffonnier de 1830, qui se baladait sur le Corso et lui donnait un aspect pittoresque, fut privée du plaisir de défiler devant les tribunes du Comité.
C’est une survivance du vieux Carnaval niçois que ces groupes qui poussaient à l’excès la farce grossière et la gaieté indécente.
Qui ne se souvient de ces groupes burlesques connus sous le nom de « Maures » et de « Bédouins » ?
Le visage et les bras enduits de noir de suie, ils s’affublaient d’un burnous confectionné avec un drap de lit devenu inutilisable ; ils portaient un turban d’une blancheur douteuse et un collier de cédrats.
Leur joie tapageuse, quelquefois brutale, apeurait les masques paisibles et les curieux inoffensifs. Ils fendaient la foule à grands coups d’épaule lorsqu’elle ne s’écartait pas assez vite.
Ils sont disparus aujourd’hui, parce que notre Carnaval s’est civilisé, mais pendant de longues années ils constituaient, par leur entrain grossier, un élément d’animation qu’on supportait par habitude.
Pas de marmite à Nice
Ils chantaient en s’accompagnant d’un instrument bizarre, en forme de marmite dont ils tiraient des accords rauques et faux, au moyen d’une baguette qui grattait d’un inlassable mouvement de va et vient, une peau rêche dont on ne pouvait définir la nature.
L’instrument était au diapason de la voix, c’est tout dire !
Les bandes turbulentes et dépenaillées furent donc filtrées à l’entrée du Cours. Elles ne purent se glisser parmi les masques et le coup d’œil y gagna en beauté. »
Exclusions du Carnaval de Nice se poursuit avec l’épisode « Croque-mitaines au Carnaval de Nice » du feuilleton de Passion Riviera sur les Mystères du Carnaval de Nice.