L’Observatoire de Nice est un récit qui raconte comment cet ouvrage a été construit grâce à un riche mécène.
” Sur le côté est de Nice, un objet remarquable dans le paysage est le dôme de l’Observatoire ; et si l’on est bon marcheur, il n’y a pas d’endroit dans les environs qui soit plus digne d’être l’objet d’un pèlerinage.
Prenez le tramway jusqu’à l’angle de la route de Gênes, puis passez devant la nouvelle caserne, où l’exercice constant des jeunes soldats témoigne de l’attention et de la vigilance des autorités militaires françaises.
Quelques centaines de mètres plus loin, on arrive à la maison hantée en face de la villa Sorgentino, où personne ne peut être persuadé d’habiter ; et alors commence la colline raide qui vous mène à l’objet de votre visite.
Une bonne heure de marche vous amène à la porte gardée par deux belles statues, et en donnant une carte de visite au concierge, on y entre sans plus de difficulté.
Un riche mécène
Il y a environ huit ou neuf ans, M. Bischoffsheim, l’un des plus riches financiers de Paris, décida de consacrer une partie de son immense fortune à la création d’un observatoire quelque part en France.
Il s’adressa donc au Bureau des Longitudes à Paris, et demanda aux autorités de rechercher la meilleure situation dans le pays pour un tel édifice. Ils ont choisi le Mont-Gros, près de Nice, à cause du beau climat, de l’air pur, de la belle vue et d’autres avantages.
Sur quoi M. Bischoftsheim acheta aussitôt un terrain de plus de quatre-vingts arpents, et demanda à M. Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris, de lui faire des plans. Agissant de concert avec M. Perrotin, l’un des principaux astronomes de France, ils visitèrent tous les principaux observatoires d’Europe et étudièrent tout ce qui était nécessaire pour faire de leur observatoire de Nice le plus beau du monde.
A leur retour, la construction fut commencée et, à son achèvement, en 1887, une réunion eut lieu à laquelle assistèrent les astronomes les plus célèbres du monde.
Un ange protecteur
Il y a plusieurs bâtiments sur la propriété, le principal étant celui qui contient le grand télescope. Il est bâti en immenses blocs de pierre, et les murs ont environ deux mètres d’épaisseur ; les portes sont coulées en bronze et, au-dessus de l’entrée, une belle figure d’ange aux ailes déployées et tenant des torches dans ses mains symbolise la science illuminant le monde.
Le dôme tournant est une belle pièce d’ingénierie conçue par M. Eiffel, dont le nom est maintenant familier. Il est entièrement construit en acier et pèse environ 95 à 100 tonnes ; et pourtant il est si parfaitement équilibré qu’il peut être déplacé par la pression de la main. On y parvient en le faisant flotter dans l’eau, et la grande masse peut être tournée entièrement en quatre minutes.
Le télescope est l’un des plus grands du monde et mesure près de dix mètres de long. Le verre objet a près d’un mètre de diamètre et a été coulé par Fiel et poli par MM. Henry, les opticiens de l’Observatoire ; on imagine la valeur de ce beau disque quand on se rend compte qu’il doit être absolument irréprochable.
Le télescope est appuyé sur deux immenses piliers de pierre qui ont leur assise dans le roc solide du Mont-Gros, et l’ensemble de la machine est tourné et élevé par un ingénieux appareil électrique qui commande aussi le toit.
Des instruments très modernes
Dans un autre bâtiment, les observations sur les étoiles et les planètes sont faites par le grand cercle méridien construit par Brunner, et un autre encore contient une merveilleuse collection d’instruments pour les moyens d’observations magnétiques. L’une des inventions les plus intéressantes de l’Observatoire est le sismographe pour l’enregistrement des tremblements de terre ; c’est un simple dispositif par lequel trois pointes reposent sur une feuille de papier tournante mue par un mouvement d’horlogerie ; ces points laissent une ligne sur le papier en passant sous eux, et comme ils sont attachés à des poids suspendus, la moindre vibration les met en mouvement, ce qui est immédiatement enregistré sur la feuille de passage, et l’horloge s’arrête, fixant ainsi l’exact temps et aussi la direction dans laquelle un tremblement de terre ou un tremblement de terre est arrivé.
Les autres bâtiments comprennent une série d’appartements pour les fonctionnaires résidents, une belle bibliothèque contenant plusieurs milliers de volumes et une salle des machines avec un petit moteur puissant pour générer la lumière électrique dont tout l’établissement est éclairé.
Ce magnifique don a coûté à M. Bischoffsheim l’énorme somme de 5.000.000 de francs.; et non content de cela, il l’a doté d’un revenu annuel de 100 000 francs.”
L’Observatoire de Nice est un texte découvert dans le journal “The Nice gazette” du 30 novembre 1889.