Mort de la duchesse de Cannes est un récit qui raconte le rôle de Geneviève de Vallombrosa dans la notoriété de la ville.
” La nouvelle de la mort de la duchesse de Vallombrosa a produit une douloureuse impression dans toute la haute société européenne.
Un salon renommé
En effet, l’Europe entière, dans la personne de ses plus illustres représentants, a défilé dans ce salon de la villa Vallombrosa, à Cannes, dont la duchesse a fait les honneurs pendant près de trente ans.
On sait que Cannes a été inventé par lord Brougham, mais c’est le duc et la duchesse de Vallombrosa qui lui donnèrent son caractère élégamment cosmopolite.
Il y avait deux ans que le duc avait épousé Mlle Geneviève des Cars, fille du duc de ce nom, quand il vint se fixer à Cannes.
Très bonne, douée d’un bon sens par fait, catholique sincère, mais tolérante, la duchesse de Vallombrosa aimait à recevoir et elle s’acquittait à merveille des devoirs de l’hospitalité.
Un cadre somptueux
Le cadre du château des Tours dans lequel elle accueillait ses visiteurs était d’ailleurs fait pour les attirer et les retenir.
La villa est peut-être d’un goût médiocre comme construction, et la duchesse le reconnaissait de grand cœur, mais il avait été miraculeusement transformé.
Le jardin vaut à lui seul le voyage. Ce qui est un objet d’admiration pour les connaisseurs, ce sont ses magnifiques palmiers africains.au pied desquels descendent de vrais gazons anglais. Les jardiniers de la villa ont littéralement copié une oasis du Sahara, celle de Biskra.
C’est dans ce jardin merveilleux ou encore dans un salon peuplé de bibelots rares et où l’on admire entre autres choses une chaise à porteurs ayant appartenu authentiquement à Mme de Pompadour que la duchesse a reçu toute l’Europe.
En dehors des têtes couronnées qui y ont afflué, on peut assigner à ce salon célèbre deux périodes distinctes.
Littérature et politique
De 1859 à 1870, ce fut la période littéraire. Les hôtes de la villa s’appelaient Tocqueville, Mérimée, Cousin, Barthélémy Saint-Hilaire.
Plus tard, après 1870, les trois premiers noms que nous venons de citer ayant disparu de la scène du monde, la politique prit le pas au château des Tours sur la littérature.
Les vaincus des partis monarchiques y furent admis dans une pittoresque succession chronologique.
Les bonapartistes ouvrirent la marche avec le prince et la princesse de la Moskowa, le duc et la duchesse de Cadore, le général de Bernis.
A partir de 1875, les légitimistes découragés affluèrent avec le duc de la Rochefoucauld-Doudeauville, la duchesse de Luynes, la duchesse de Chevreuse.
Puis ce fut le tour des Bourbons de Naples, le comte de Caserte, le comte de Bardi, et enfin celui des princes d’Orléans, le comte de Paris et le duc de Chartres.
Que deviendra cette « hôtellerie », maintenant que la véritable fée qui en maintenait unis et groupés tous les éléments a disparu ? “
Mort de la duchesse de Cannes est un texte tiré du journal “Le Figaro” du 22 octobre 1886.