Vengeance à Nice est une nouvelle littéraire qui relate la vengeance d’un mari que sa femme a trompé.
» Un soir, on put voir le Château de l’Anglais brillamment illuminé, et la baie où s’entrouvre le port de Nice, sillonnée de barques miroitantes sous les lanternes vénitiennes multicolores ; et l’on put distinguer, évoluant au large, en gracieuses courbes, la coque du « Royal-Duc » sur lequel un orchestre Invisible jouait les symphonies les plus étranges et les plus pénétrantes.
Fête au château de l’Anglais
Durant toute la nuit, des équipages les plus luxueux stationnèrent à la poterne du Château, sur la route de Villefranche, qui reconduisirent à l’aube naissante, à la gare de Riquier, où les attendait leur train, les deux cents invités du duc.
Ils partirent de là, tous, la tête un peu à l’envers, avec au fond de l’esprit les dernières fusées du champagne, avec au fond du cerveau les derniers motifs des violons, avec au fond des yeux les derniers reflets des lumineuses féeries…
Seuls, le duc et sa femme infidèle restèrent…
Lugubres sanglots
Quand l’aube apparut bien blanche, sur la mer infiniment bleue et infiniment calme, le Château de l’Anglais avait déjà repris son implacabilité sinistre de demeure oubliée.
Les fenêtres grandioses, les portes monumentales et les grilles massives avaient été closes par des mains rapides et expertes.
Et quand les mariniers de la côte, sous le premier soleil, gagnèrent le large, ils purent voir à l’horizon, se confondant avec les buées du matin, les voiles légères et diaphanes du « Royal-Duc » qui s’enfuyaient vers l’inconnu, avec le duc pour capitaine, avec le duc comme seul passager.
Le lendemain, un pêcheur, dont la barque, ballottée un instant par un semblant de tempête, avait échoué sur un rocher dépendant du Château de l’Anglais, prétendit avoir entendu des gémissements sortant de dessous-terre…
Les personnes à qui il raconta cela frissonnèrent…
C’est la légende qui se continue. »
Vengeance à Nice est un texte extrait d’une nouvelle de René Dubreuil, intitulée « La duchesse Maud », découverte dans le journal « Le Petit Parisien » du 1er janvier 1893.