Raz de marée sur Nice raconte comment la mer a violemment envahie des quartiers de la ville en causant de gros dégâts.
« En ce 10 novembre, la Ville de Nice courut le plus grand danger.
Le chemin neuf construit pour communiquer au Port, et qui est élevé de plus de quarante pieds, fut couvert par les vagues et dégradé en quelques endroits.
L’eau se répandit bientôt dans l’intérieur par la Porte Marine. Elle touchait à la voûte de cette porte.
La Garde qui allait être engloutie, fut obligée de faire une ouverture à la muraille pour se dérober au danger.
L’eau pénétra dans le Parc dont elle fit un vaste étang.
S’étendant ensuite de rue en rue, elle parvint, d’un côté, jusqu’à l’Eglise de Saint Jacques, de l’autre, jusqu’à la porte du Sénat et à celle des Théatins.
Les vagues s’élevaient à une hauteur si prodigieuse, qu’elles surmontaient le môle et retournaient à l’entrée du port.
Le torrent nommé Paillon, grossi par les eaux qui descendaient des montagnes, reflua et inonda les campagnes, tandis que la mer renversait les murailles des jardins, abattait les arbres et couvrait les terres de sable et de gravier.
L’horreur du spectacle, auquel s’ajoutaient encore les cris des femmes et des enfants, répandit la consternation dans la Ville.
Toutes les boutiques furent à l’instant fermées.
Le peuple, conduit par la terreur et par la piété, accourut dans les églises pour implorer la clémence du Ciel.
Le dommage a été considérable.
L’inondation diminua en quelques heures après, et la mer rentra dans ses bornes. »
Raz de marée sur Nice est un texte extrait de la “Gazette de France” du 31 décembre 1773.