La Bravade de Saint-Tropez est ne histoire qui raconte le déroulement de cette fête annuelle.
« Si on veut entendre hurler la foudre, rouler le tonnerre des feux de salves, voir briller l’éclair des armes surchauffées, si on veut, durant des heures, respirer les âcres fumées du salpêtre et du soufre, risquer de devenir abominablement sourd pendant que les maisons tremblent sous l’effet des décharges de mousqueterie, il faut aller à Saint-Tropez, le jour de la Bravade…
Ce jour-là les Tropéziens se grisent de bruit, de poudre, d’ardeur belliqueuse et la petite armée des Bravadeurs emplit la ville de prouesses tapageuses, qui évoquent le bon vieux temps, celui où les citoyens de Saint-Tropez, sur l’appel du « Capitaine de ville », couraient aux remparts, le fusil à la main, pour combattre les Anglais ou les Espagnols.
Des braves gens, les Tropéziens !
Marins pour la plupart, fils de marins, ou retraités de la flotte, ayant le culte de la vieille cité glorieuse, qui a donné à la France l’illustre Bailli de Suffren et tant d’autres vaillants « loups de mer ».
Ils n’ont pas oublié que jadis, en 1637, leurs ancêtres repoussèrent une dangereuse attaque de la flotte espagnole, et, pour commémorer cette journée difficile, au temps de la Bravade, ils s’habillent d’uniformes bizarres et brûlent la poudre avec une admirable frénésie.
Ce fut d’ailleurs une rude bataille !
Les galères espagnoles étaient au nombre de vingt-cinq et la défense de la ville n’était assurée que par quelques petits canons, et le grand cœur de ses habitants.
Peut-être ceux-ci auraient-ils succombé sous le feu d’un ennemi audacieux, et bien armé, si saint Tropez, patron vénéré de la ville, n’avait donné à celle-ci le puissant secours de son intervention.
Il ne voulut pas que le pays où il était honoré connût la douleur de la capitulation, et les galères ennemies, prises d’une terreur soudaine, s’enfuirent vers la haute mer, pendant que la cité libérée se remplissait de cris de victoire et d’hymnes de reconnaissance.
La foule se précipita dans l’église où étaient conservées les reliques du saint pour le remercier de son aide et l’Assemblée municipale décida, dans un vote solennel, que, tous les ans, cette victoire mémorable serait glorifiée par des démonstrations joyeuses. »
La Bravade de Saint-Tropez est un texte extrait du livre de Dominique Durandy, intitulé « L’Ane de Gorbio », publié en 1910.