Cambronne à Cannes est une histoire qui raconte un épisode survenu après le débarquement de Golfe-Juan.
« C’était le soir, vers cinq heures.
La petite ville de Cannes, moins animée à cette époque qu’aujourd’hui, était peuplée d’une foule de petits bourgeois qui mangeaient leurs rentes sur la porte d’un café qui a eu à Cannes sa réputation, le café Guillon.
On devisait sur les affaires du jour, sans penser à mal, lorsqu’on vit arriver du côté d’Antibes, au petit galop de son cheval, un général à la figure bronzée, à l’air profondément militaire.
L’inconnu s’approcha du groupe et demanda l’hôtel de ville de Cannes.
Cet événement, en lui-même, n’aurait pas troublé la sérénité des bons bourgeois, mais le général portait fièrement à son chapeau la cocarde tricolore.
De là mille chuchotements, mille suppositions qui s’écartaient plus ou moins de la réalité.
Arrivé à l’hôtel de ville, il demanda le maire, qui était absent. L’adjoint arriva, c’était M. Antoine Vidal.
Le général Cambronne annonça au magistrat que l’empereur Napoléon était au golfe Juan avec son armée, et qu’il fallait dans la soirée six mille rations pour les braves qui l’accompagnaient.
L’émoi fut grand, l’étonnement à son comble ; la ville n’offrait pas à cette époque les mêmes ressources qu’aujourd’hui, elle comptait à peine trois mille âmes de population.
Mais le magistrat auquel Cambronne s’adressait trouva dans l’amitié qu’il avait vouée à l’empereur pendant son séjour en Egypte les ressources nécessaires pour surmonter la difficulté de la position, et le soir les six mille rations étaient transportées à l’endroit désigné. »
Cambronne à Cannes est un texte extrait du livre « Cannes et ses environs » de J.B. Girard, publié en 1859.