Les amoureux de la Croisette à Cannes est un récit qui raconte la beauté d’un coucher de soleil.
» Voici mai, à Cannes et les déshonorants « mondains » nous’ délivrent de leurs présences.
Le Casino ferme ses, portes. Les palaces restreignent leur personnel, en attendant! le définitif silence de l’été. Cannes redevient une petite ville paisible, plaisante.
Allez-vous sur la Croisette, le soir ?
Les péripatéticiennes de marque n’y figurent plus mais que de couples charmants on rencontre.
Chaque banc se fleurit d’une paire de calignaires, -c’est à dire d’amoureux en provençal.
Elle, c’est une r petite midinette au toquet drôle, aux larges yeux noirs, à l’accent qui serait redoutable s’il n’émanait de lèvres aussi fraîdhes . Lui; c’est le sympathique autochtone, commis aux.postes ou calicot.
Ils sont bruns tous deux, des moricauds et des tendres. Ça ne parle guère, mais ça se serre si gentiment.
Ils comprennent le paysage, ils « sentent l’heure » et se recueillent à leur façon.
Là-bas, le golfe de Cannes s’endort dans une quiétude ravie, une tartane incline ses antennes vers le retour, la voile rouge quêtant la brise et les montagnes de l’Esterel découpent sur un ciel orangé leurs dentelures d’un bleu très pâle.
Le chapeau de gendarme au-dessus du Cap Roux érige ses’trois pointes.
Vers la Napoule ,un train souffle de courts nuages et la buée s’étend sur la plaine de Laval.
Le vieux quartier du Suquet dresse, au premier plan, son décor de légende. »
Les amoureux de la Croisette à Cannes est un texte tiré d’un roman « La Farfandelle ou Armand » de Marcel Millet, paru en feuilleton dans le journal « L’Humanité » du 30 juillet 1922.