Un alchimiste à Roquebrune raconte l’incroyable aventure de Dunikowski qui affirmait pouvoir fabriquer de l’or avec le sable de la Riviera.
« Nous avons vu hier que Dunikowski avait installé à Roquebrune-Cap-Martin un magnifique laboratoire pour fabriquer de l’or, après avoir mené à Monte-Carlo — tour à tour travaillant à l’Institut océanographique, puis fabriquant des « jetons inimitables » pour le Casino — une existence assez aventureuse.
Nicolas Flamel à Roquebrune
Le voici à Roquebrune, commandité pai le baron Charles van Heutz, ami et compatriote de son associé, le professeur hollandais Muschter.
Le baron van Heutz avait donné à Dunikowski 1.500.000 francs, qui lui permirent de doter son atelier de tous les derniers perfectionnements de la science moderne.
Le secret de Dunikowski dévoilé par son principal collaborateur, M. Mathieu Giorgini, nous explique en quoi consistent les travaux de fabrication d’or de son patron.
Le sable était tiré d’une carrière de Menton, exploitée par un polonais, M. Proschaska.
On le laminait d’abord, dit M. Giorgini, sur des plateaux rotatifs de cuivre parcourus par un courant électrique. En même temps, le sable était exposé à l’effet de rayons ultra-violets obtenus par des lampes à vapeur de mercure et à des courants présentés par des condensateurs au-dessus des plateaux de cuivre. Ils se répercutaient par étincellement sur la matière, grâce à une marche réglable procurant des étincelles de self induction. Tous ces courants de nature diverses, alternatifs et statiques, étaient obtenus par des appareils transformateurs d’électricité, qui permettaient de transformer ainsi du 5.000 volts en 120.000 volts.
Le grand œuvre à Roquebrune
Mais tout le secret de la fabrication consiste à faire parcourir ensuite, par un courant spécial, des tubes contenant le sable ainsi traité, en même temps que des matières diverses, pour la plupart radio-actives. C’était, par l’effet du radium, le moment le plus dangereux de l’expérience.
Puis on prenait le résidu, on le portait dans des fours spéciaux chauffés au mazout, à une température moyenne de 1.400 degrés. On nettoyait à l’acide sulfurique et on obtenait de petits lingots d’or récupérés par un lavage au mercure et une oxydation ultérieure.
En résumé, toutes ces opérations permettaient le vieillissement prématuré du sable traité qui contient, à sa base, le métal précieux.
Si M. Giorgini confirme ainsi les résultats obtenus par M. Dunikowski, ce n’est point par amitié pour l’homme, ni par reconnaissance pour le patron ; on lui doit, en effet, plus de 30.000 francs de salaires et de fourniture d’appareils qu’il réclame car la voie des tribunaux !
Un alchimiste à Roquebrune à une suite qui s’intitule Le faiseur d’or de Roquebrune.
A suivre.