Masques bleus au Carnaval de Nice est une histoire qui explique comment se protéger des projectiles lancés pendant le défilé.
» Depuis plusieurs jours les boutiques sont remplies de masques bleus en délicats fils de fer, qui valent d’un franc à un franc cinquante.
Masques contre bonbons
Cette armure est indispensable à celui ou celle qui s’aventure au sein de la bagarre, et dans ce Cours Saleya où la place pour les piétons est réservée entre la file des voitures et sur les bas-côtés, car chacun, soit dans les voitures, soit dans les fenêtres et sur les estrades, a fait provision de ces petits bonbons de plâtre appelés confetti, dont on se lapide mutuellement et sans pitié d’un bout jusqu’à l’autre de la promenade.
Partout, dans toutes les boutiques, sur toutes les portes des magasins, on vend par sacs et par panerées ces petites boules blanches, qui, lancées soit à la main, soit avec de petites pelles en fer-blanc, couvrent les habits d’un voile de plâtre et cinglent le visage comme un ouragan de grêle.
Plâtre à volonté
Aussi tous les visages sont couverts de ces petits masques à travers lesquels on voit suffisamment l’agresseur, et qui permettent de recevoir seulement sur les oreilles et sur le cou les bordées de l’assaillant.
Au bout de cinq minutes, au milieu des rires, des cris joyeux, des folies de toutes sortes, auxquelles se mêlent parfois les personnages les plus graves, les uns et les autres sont blancs comme des plâtriers ou des fariniers, et le sol est couvert d’une couche blanche comme s’il se fût abattu sur le cours un ouragan de grêle ou de neige.
De quelques fenêtres et de quelques voitures on reçoit çà et là des bordées de bouquets de violettes, mais, il faut le dire, ce charmant projectile est rare sur la place, et s’adresse principalement à vous si vous êtes jolie femme, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde. »
Masques bleus au Carnaval de Nice est un texte extrait du livre « La comédie de notre temps » de Bertall, publié en 1874-1876.